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L'Algérie et le Mali s'interdisent leurs espaces aériens respectifs

Le vice-premier ministre du Mali, Abdoulaye Maiga, s'adresse à la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le samedi 28 septembre 2024.   -  
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AP Photo/Pamela Smith, File

Mali

Une vive escalade diplomatique oppose l’Algérie et le Mali depuis la destruction, le 1er avril, d’un drone malien à proximité de leur frontière commune.

À l’origine de la crise : des divergences profondes sur les circonstances de l’incident, qui a ravivé des tensions anciennes entre les deux voisins sahéliens.

Selon les autorités algériennes, leur armée a abattu un drone de reconnaissance armé ayant violé l’espace aérien national dans la région de Tinzaouaten, au sud du pays. Le ministère de la Défense a affirmé que les données radar démontrent une incursion de 1,6 km côté algérien. En réaction, l’Algérie a fermé, le 7 avril, son espace aérien à tous les vols à destination et en provenance du Mali, dénonçant des violations « répétées » de son territoire.

Le Mali, de son côté, rejette fermement la version algérienne. Selon Bamako, le drone a été abattu sur son sol, précisément à 9,5 kilomètres au sud de la frontière. Une enquête aurait conclu « avec certitude » à une action hostile et préméditée des autorités algériennes, qualifiée d’« acte d’agression inédit » par la junte au pouvoir. Le gouvernement malien a riposté en fermant également son espace aérien à tous les appareils algériens, civils comme militaires, et en convoquant l’ambassadeur d’Algérie à Bamako.

Rappel mutuel des ambassadeurs et fracture régionale

La crise a rapidement pris une dimension régionale. Le Mali a reçu le soutien de ses alliés du Niger et du Burkina Faso, réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), tous trois dirigés par des juntes militaires. Dans un communiqué conjoint publié le 7 avril, les trois pays ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger pour consultations, dénonçant un « acte irresponsable du régime algérien ». L’Algérie a répliqué dès le lendemain, rappelant ses propres ambassadeurs au Mali et au Niger, et repoussant l’arrivée de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso.

Climat déjà tendu

Cet épisode survient dans un contexte déjà marqué par une détérioration des relations entre l’Algérie et le Mali. En janvier 2024, Bamako avait mis fin unilatéralement à l’Accord de paix d’Alger signé en 2015 avec des groupes armés du nord du pays, pourtant considéré comme un pilier de la stabilité régionale. Le Mali reproche à l’Algérie sa proximité avec certains groupes armés opérant dans la région frontalière.

Depuis leur prise de pouvoir par la force en 2020 et 2021, les militaires maliens ont rompu les liens avec la France et ses alliés, expulsé la mission onusienne (Minusma), et se sont tournés vers la Russie. Avec le Niger et le Burkina Faso, ils ont formé l’AES et quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), accusée d’être inféodée à Paris.

La destruction du drone vient ainsi raviver des tensions géopolitiques profondes, dans un Sahel de plus en plus instable, où les alliances se redessinent sur fond de luttes d’influence et de guerre contre le terrorisme.

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