Ouganda
Le président ougandais Yoweri Museveni a accusé mercredi la Banque mondiale de "faire pression" sur son pays pour tenter de lui faire renoncer à sa loi anti-homosexualité.
Les Ougandais "se développeront avec ou sans prêts", a lancé M. Museveni sur Twitter, rebaptisé X, après que la Banque mondiale a suspendu tout nouveau prêt à Kampala en raison d'une loi anti-homosexualité promulguée le 29 mai par le président.
"Il est donc regrettable que la Banque mondiale et d'autres tentent de faire pression pour que nous abandonnions notre foi, notre culture, nos principes et notre souveraineté, en utilisant l'argent", a-t-il ajouté.
"Nous n'avons pas besoin de pression de qui que ce soit pour savoir comment résoudre les problèmes de notre société", a encore dit M. Museveni. Il a néanmoins ajouté que l'Ouganda allait continuer à discuter avec la Banque mondiale afin que "eux et nous puissions éviter de nous égarer, si possible".
Le gouvernement ougandais avait affirmé également, plus tôt dans la journée, poursuivre des consultations avec l'institution financière.
Cette dernière a annoncé mardi qu'"aucun nouveau financement public pour l'Ouganda" ne serait soumis à son conseil d'administration, la loi anti-homosexualité entrée en vigueur dans le pays en 2023 allant "à l'encontre" de ses valeurs.
"Les consultations sont toujours en cours entre le gouvernement ougandais et la Banque mondiale sur les questions entourant la loi anti-homosexualité", a déclaré mercredi à l’AFP le ministre ougandais de l’Information, Chris Baryomunsi.
"Cependant, il convient de rappeler à la Banque mondiale et à d’autres que l’Ouganda est un pays souverain, qui prend des décisions dans l’intérêt de son peuple, et c’est l’esprit de la loi anti-homosexualité", a-t-il ajouté.
Cette loi, considérée comme l'une des plus répressives au monde, a choqué les groupes de défense des droits humains et des pays occidentaux. Elle a suscité "l'inquiétude" du secrétaire général de l'ONU, selon son porte-parole, et a été qualifiée d'"atteinte grave" aux droits humains par le président américain Joe Biden.
Le texte prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la "promotion" de l'homosexualité. Un crime d'"homosexualité aggravée" est passible de la peine de mort, sentence qui n'est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.
Des militants des droits humains se sont également inquiétés de l'influence de la nouvelle loi sur l'accès aux soins des personnes de la communauté LGBT+, qui pourraient redouter d'être stigmatisées, voire dénoncées par le personnel médical.
Mardi, après l'annonce de la Banque mondiale, le ministère ougandais de la Santé, qui bénéficie des fonds de l'institution, a publié une circulaire affirmant que nul ne devait être "discriminé ou stigmatisé" pour des raisons de "genre, religion, ethnie, statut social ou économique ou encore orientation sexuelle".
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