Kenya
Le président kényan William Ruto a affirmé dimanche qu'il ne "négocierait pas la sécurité du pays" avec son rival, Raila Odinga, au lendemain d'un accord entre les deux camps sur la création d'un "comité" conjoint pour mettre fin à la crise qui secoue le pays.
Le gouvernement et l'opposition kényane ont annoncé samedi avoir convenu de former un comité conjoint destiné à "résoudre (leurs) différends à l'amiable" après des semaines de manifestations et de violences, qui ont fait des dizaines de morts.
Le vétéran de l'opposition kényane, Raila Odinga, a appelé en mars ses partisans à descendre dans la rue pour protester contre la politique du gouvernement qu'il juge illégitime et qui ampute, selon lui, le pouvoir d'achat des Kényans.
La coalition d'opposition Azimio a organisé neuf jours de manifestations, émaillées de pillages, vandalisme et d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, qui ont parfois tiré à balles réelles.
Si M. Ruto s'est dit ouvert au dialogue, il a mis en garde M. Odinga contre la tenue de nouvelles "manifestations violentes". "Nous ne négocierons pas la sécurité de notre pays", a-t-il déclaré lors d'un service religieux dans la région côtière de Kwale.
William Ruto a également affirmé qu'il ne discuterait pas de la politique économique du gouvernement avec l'opposition. "Nous devons travailler ensemble, quelles que soient nos positions, pour transformer le Kenya", a-t-il déclaré.
De son côté, Azimio a affirmé dimanche que le coût de la vie et l'abrogation de la loi de finances, responsable de la hausse des taxes, restaient les "priorités" de l'opposition dans ces pourparlers. Elle veut également aborder la question des réformes électorales, d'un audit sur l'élection d'août 2022 et des "brutalités" policières pendant les manifestations.
Élu en août 2022 face à Raila Odinga qui ne reconnaît pas les résultats du scrutin, William Ruto avait promis de soutenir les plus défavorisés, mais l'opposition l'accuse de réduire le pouvoir d'achat des Kényans, déjà grevé par une inflation continue (+8% sur un an en juin), avec la loi de finances qui a instauré de nouvelles taxes.
Selon M. Ruto, ces taxes sont nécessaires pour rendre des marges de manœuvre au pays très endetté.
Azimio a annoncé samedi que grâce à la "facilitation" de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, les deux camps avaient convenu avec le gouvernement de former un comité de 10 membres, avec une représentation égale.
Un communiqué présenté comme conjoint avait ensuite précisé que ce comité se pencherait sur la création d'une fonction officielle pour M. Odinga, et que les deux parties avaient convenu que l'opposition à la loi de finances "devrait être tranchée" par la justice.
Azimio a assuré "n'avoir rien à voir avec" ce communiqué, et accusé le gouvernement de publier une "déclaration unilatérale" déformant les positions de l'opposition.
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