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Guinée : Dadis Camara rejette les accusations sur le massacre de 2009

Dans cette photo d'archive prise le 11 mai 2015, l'ancien dirigeant militaire de la Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, tient une conférence de presse .   -  
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AHMED OUOBA/AFP or licensors

Guinée

L'ancien président guinéen Moussa Dadis Camara a rejeté les faits qui lui sont reprochés lundi et dénoncé un complot lors de sa première déposition devant le tribunal qui le juge avec une dizaine d'autres pour les tueries qui ont lieu au stade de conakry en septembre 2009.

 Il a dit s'incliner devant la mémoire des victimes. Mais ne pas être en mesure de demander pardon: Quel pardon vais-je demander ?, a-t-il dit au cours de plusieurs heures d'un monologue.

En dehors du tribunal, Conakry tournait au ralenti. Les habitants de la capitale se sont pressés devant les écrans dans les supérettes ou devant les kiosques pour suivre le moment le plus attendu du procès historique qui s'est ouvert le 28 septembre dernier.

Le procès tâchera de dire si le capitaine Camara, porté au pouvoir par un coup d'Etat en décembre 2008, a donné l'ordre de briser la contestation, s'il aurait pu au moins empêcher ces tueries qui ont fait au moins 156 morts ou si, comme il l'affirme, ils a été perpétrés par des hommes échappant à tout contrôle.

Moussa Dadis Camara, en large boubou traditionnel moutarde, a donné le ton dès le début de sa comparution quand le président de la cour Ibrahima Sory Tounkara lui a demandé de confirmer qu'il contestait les faits qui lui sont reprochés.

"Parfaitement", a-t-il répondu. Puis a commencé un soliloque enflammé. Soutenant le verbe de la main, Dadis Camara a convoqué les philosophes Héraclite et Emmanuel Kant, les pharaons égyptiens et Napoléon et le souvenir de son père. Il a invoqué à de multiples reprises Dieu et le destin qui ont fait du petit officier d'intendance ce qu'il est devenu.

Dadis "n'est pas fou"

Pendant les quelques mois de sa présidence, il a oeuvré à réconcilier entre eux les Guinéens, gouvernés par des autocrates depuis l'indépendance, a-t-il dit. Le 28 septembre, il est "resté dans (son) son bureau", alors qu'une partie de ses co-accusés ont été vus prenant part à la répression. Quand il a été informé de ce qui se passait au stade, "furieux", il a voulu s'y rendre pour ramener le calme. Mais son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias "Toumba", l'en a empêché, a-t-il assuré.

"Toumba" était bardé de grenades, a-t-il rapporté: "J'ai compris que je ne pouvais pas l'arrêter, il (avait) l'arsenal avec lui".

"Toumba" est peut-être le principal accusateur du capitaine Camara à qui il a tiré une balle dans la tête après le massacre parce que, selon lui, le président voulait lui faire endosser toutes les responsabilités.

Dadis Camara a "préparé" le massacre, a dit "Toumba" lors de sa propre déposition. Il l'a aussi sommé de demander pardon.

"Au lieu que ce soit moi qui vienne demander pardon, c'est Monsieur Toumba et le général Sékouba qui doivent venir devant votre auguste barre", a répondu Dadis Camara.

Le général Sékouba Konaté a fait partie de la junte dirigée par le capitaine Camara. Il est devenu président de transition. Sous cette présidence s'est tenue en 2010 la présidentielle lors de laquelle l'opposant historique Alpha Condé est devenu le premier président élu lors d'élections libres en Guinée.

"Les évènements du 28 septembre (étaient) un complot savamment orchestré pour me faire partir ou me tuer. Par qui ?", interroge le capitaine Camara: "Monsieur Alpha Condé, Sékouba et leur exécutant Toumba Diakité".

Lui aurait pu rester en exil au Burkina Faso et se soustraire au procès. Mais "la vie d'un homme, c'est quoi ? La vie d'un homme, c'est l'honneur (...) mon honneur en dépendait".

"Certainement beaucoup peuvent penser:  Ah ! Dadis Camara est fou. Dadis Camara n'est pas fou, Dadis Camara est généreux parce que Dadis Camara reconnaît ses ancêtres".

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