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Tchad : les militaires au pouvoir justifient la répression du 20 octobre

Des manifestants anti-gouvernementaux mettent le feu à une barricade lors d'affrontements à N'Djamena, au Tchad, le 20 octobre 2022   -  
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AP/AP

Tchad

La justice au Tchad a annoncé vendredi que plus de 600 personnes, dont 83 mineurs, ont été arrêtées depuis les manifestations de l'opposition réprimées dans le sang le 20 octobre, N'Djamena les accusant à nouveau d'avoir "attaqué" les institutions pour mener une "insurrection".

C'est la première fois que les autorités admettent publiquement ce chiffre évoqué depuis trois semaines par plusieurs ONG locales et internationales après ces manifestations contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno.

Ce dernier avait été proclamé chef de l'Etat par les militaires il y a 18 mois à l'annonce de la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant sur le front après avoir dirigé le Tchad 30 années durant d'une main de fer.

Des ONG locales et internationales, comme l'opposition, assurent depuis trois semaines que des dizaines voire des centaines de personnes ont été tuées dans plusieurs villes le jour de la manifestation puis après, dans des "exécutions extrajudiciaires".

Mais le pouvoir a reconnu à ce jour une "cinquantaine" de morts par balles et plus de 300 blessés pour la seule journée du 20 octobre, dont une "dizaine de tués" parmi les forces de l'ordre.

Le Président Déby, prolongé à ce poste pour deux ans début octobre par un forum de réconciliation nationale boycotté par une grande partie de l'opposition et d'importants groupes rebelles, a toujours affirmé que les manifestants du 20 octobre planifiaient une "insurrection" pour renverser le pouvoir.

Depuis les "événements" du 20 octobre, "621 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre et transférées" à la prison de haute-sécurité de "Koro Toro", en plein désert à plus de 600 km de la capitale, a annoncé lors d'un point de presse le procureur de N'Djamena Moussa Wade Djibrine, évoquant "des actes graves et des attaques ciblées contre les institutions de la République".

Et 401 seront rapidement jugées en procédure de flagrant délit, selon lui, les 220 autres déférées devant des juges d'instruction, dont 83 devant des juges pour enfant.

Le 20 octobre, le pouvoir a "suspendu" les partis et organisations de la société civile de l'opposition et décrété un couvre-feu, maintenu aujourd'hui encore à N'Djamena et quelques grandes villes.

Depuis, les leaders et cadres de l'opposition ont soit fui à l'étranger, soit sont entrés en clandestinité dans le pays, accusant les forces de l'ordre de continuer de mener des "chasses à l'homme".

Le 20 avril 2021, à l'annonce de la mort du maréchal Déby, l'armée avait proclamé son fils Mahamat Déby, général alors âgé de 37 ans, président à la tête d'une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois, au terme de laquelle il promettait de rendre le pouvoir aux civils par des "élections libres et démocratiques".

L**'Organisation mondiale contre la torture** (OMCT) évoquait déjà fin octobre plus de 2 000 arrestations pendant et après les manifestations réprimées.

L'opposition et des ONG locales, elles, parlent d'au moins 600 à "plusieurs centaines" d'interpellations, qui se poursuivent aujourd'hui, mais aussi de "disparitions forcées", "exécutions extrajudiciaires" et "tortures".

Union africaine (UA) et Union européenne (UE) avaient immédiatement "condamné fermement" la répression des manifestations et de "graves atteintes aux libertés d'expression et de manifestation". La France, allié-clé de N'Djamena, avait "condamné" "l'utilisation d'armes létales contre les manifestants".

Vendredi, le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki, devait présenter un rapport, dont l'AFP a pu se procurer une copie, pour recommander à l'organisation panafricaine à Addis Abeba de "condamner fermement les meurtres, la torture, l'arrestation et les emprisonnements arbitraires de centaines de civils" et d'exiger "la libération immédiate de tous les détenus politiques".

M. Faki, que N'Djamena soupçonne de vouloir se présenter à la présidentielle tchadienne dans deux ans, recommande aussi à l'UA de prendre des sanctions contre "les militaires" au Tchad, par "soucis de cohérence" et afin de "sauvegarder un minimum de crédibilité" à l'UA qui en a imposé ces deux dernières années "au Soudan, au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso" pour des putschs militaires.

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