Bénin
C’était il y a 3 ans. Lors d’une conférence de presse avec son homologue béninois, le président français se prononçait en faveur de la restitution aux pays africains d'œuvres d'art pillées par la France pendant la colonisation. Dès 2016, le Bénin avait réclamé la restitution de ses œuvres, dont une partie aurait dû être rapatriés d’ici la fin de l'année. Mais la date a été repoussée à 2022.
Car les autorités béninoises ont décidé de les exposer le mois prochain au musée du Quai Branly, puis en janvier 2022 au Palais d'Iéna à Paris. Une décision que questionne Marie Cécile Zinsou, historienne de l’art et présidente de la fondation Zinsou.
« C'est difficile de l'expliquer et de comprendre pourquoi le gouvernement du Bénin pense qu'exposer à Paris a plus de sens qu'exposer à Ouidah, où le bâtiment du Musée national a été entièrement restauré pour accueillir ces œuvres, justement depuis que le processus a été lancé. Aujourd'hui, pour nous, c'est une surprise et une incompréhension. Le gouvernement semble vouloir dire que c'est une opération touristique et nous ce qu'on essaye de faire valoir, c'est que ça fait 129 ans qu'on attend ses œuvres au Bénin et qu'on voudrait pouvoir les voir maintenant chez nous, et que peut-être elles ont été suffisamment en France et que ce n'est peut-être pas la peine d'attendre encore quatre mois », explique-t-elle.
En mars dernier, une délégation française, conduite par le directeur du musée du Quai Branly à Paris, s'était rendue dans la ville de Ouidah, au sud du Bénin. L'occasion de visiter les travaux de restauration de l'ancien fort portugais qui accueillera les œuvres d'art.
« Le Bénin a en restaurant le musée de Ouidah et en faisant les choses bien et dans des délais plutôt rapides, montre qu'on peut tout à fait accueillir les œuvres dans les bonnes conditions, comme ce qui était prévu », poursuit-elle.
Pour Marie-Cécile Zinsou, il est important que la jeunesse africaine ait enfin accès à son patrimoine, à sa culture et donc, à son histoire.
« La première exposition Hors les murs du Quai-Branly a eu lieu à Cotonou. C'était l'exposition sur le roi Béhanzin. 275.000 personnes sont venues la voir en trois mois. Je crois que les chiffres parlent d'eux-mêmes. C'est peut-être la meilleure réponse aux gens qui pensent que le patrimoine n'intéresse pas. Pour tous les parents qui élèvent des enfants. Il y a une envie de connaître son histoire et de comprendre sa culture. Je crois que c'est un sentiment universel. Le Bénin n'y échappe pas et peut-être que dans certains pays d'Afrique, ce n'est pas encore visible parce qu'il peut y avoir d'autres urgences et d'autres intérêts. Mais à partir du moment où on donne la possibilité aux gens de s'approprier leur culture, ils le font. C'est une évidence aujourd'hui en Afrique », explique l’historienne.
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