Union africaine
Sanction après sanction, le Mali essuie les conséquences du second coup d’Etat perpétré par les militaires qui ont débarqué de leurs postes de président et de Premier ministre Bah Daw et Moctar Ouane. Comment l'Union africaine gère t-elle les crises sur le continent ?
Moins tendre que la CEDEAO, l’Union africaine a lancé ce mardi un ultimatum à l’équipe des bérets verts conduite par le colonel Assimi Goïta à urgemment et inconditionnellement retourner dans leurs casernes et à s'abstenir de toute interférence future dans le processus politique au Mali. Le Mali est suspendu de toutes les instances jusqu’à nouvel ordre constitutionnel même s'il doit continuer à payer ses contributions à l'organisation. Ces sanctions administratives de l’Union Africaine avaient lieu d’être pour que l’institution garde toute sa crédibilité rétorque le politologue Séga Diarrah, président de BI-TON :
il n’y a pas eu de sanctions proprement dites, elles se sont justes contentées de suspendre le Mali au sein de leurs organisations, quelque chose d’acceptable aujourd’hui d’autant plus que les sanctions économiques touchent durement nos populations.
L'Union africaine est-elle sous influence ?
Le 14 mai, une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine, agissant sur la base d'un rapport rédigé par sa mission d'enquête à N'Djamena, avait approuvé le plan de la junte, contredisant ainsi la longue tradition du bloc concernant la gestion des prises de pouvoir inconstitutionnelles. Pour l'activiste Obambe Gakosso, il existe bien un deux poids deux mesures au vu des menaces de l'UA sur le dossier malien : _il y a une constitution au Tchad, qui dicte les conditions d'accès au pouvoir, en cas de vacance le pouvoir revient au président de l'Assemblée. Mais ce dernier dit-on a refusé pour des raisons de santé...Mais il y a un bureau que dit la loi, les putschistes ont pris le pouvoir l'Union africaine a validé. Curieusement au Mali ce qui se passe c'est un coup d'Etat et là l'Union africaine condamne. _On a besoin d'institutions fortes mais on a besoin qu'il y ait des visionnaires à la tête de ces institutions.
L'UA s'est tout juste pliée aux exigences de la France, qui a délibérément apporté son soutien au général Mahamat Déby et menacé de retirer ses troupes dans le désert malien en cas de non retour de l'ordre constitutionnel souligne M. Séga Diarrah: même si les cas sont différents par rapport au Tchad et au Mali, parce qu’il ne faut pas oublier que le Mali a quand même une parenthèse démocratique, de multipartisme.... alors que le Tchad est dirigé depuis une trentaine d’années et bien plus par des militaires, Idriss Déby a toujours eu a organisé des élections, cela a joué fortement sur la décision de l’Union africaine de la CEDEAO mais aussi du partenaire stratégique qui est la France mais aussi on a constaté que le régime tchadien a joué avec une diplomatie militaire et cette diplomatie a fait qu’il a des alliés qui ont influencé les décisions de ses organisations là donc on se rend compte que même si le cas tchadien est différent, il a eu un traitement différent par rapport au cas malien.
Que valent les sanctions de l'Union africaine ?
Les sanctions de l’UA sont des sanctions administratives, le Mali va continuer à payer ses cotisations, le pays va perdre ses mandats, son siège, ce sont des sanctions qui ont très peu de répercussions sur les populations parce que la population est la victime, on pense que ces sanctions ont été bien dosées, explique le politologue Séga Diarrah.
Comment l'UA a-t-elle géré les crises en Afrique ?
Niger : Février 2010
Lorsque des soldats ont renversé le président Mamadou Tandja, l'Union africaine a réagi en suspendant le Niger.
Mali : mars 2012
Des soldats ont mené un coup d'État contre le gouvernement du président Amani Toumani Touré, l'Union africaine avait appliquer la même sanction administrative, le retrait du Mali de ses organes.
Guinée-Bissau : avril 2012
L'UA a rapidement suspendu le petit pays d'Afrique de l'Ouest après que des soldats ont démis le gouvernement intérimaire dirigé par le président Raimundo Pereira.
République centrafricaine : mars 2013
Après des mois de combats, l'UA a suspendu la RCA et annoncé des sanctions. Sous les pressions africains et des grandes puissances a également l'ancien président Michel Djotodia a quitté le pouvoir centrafricain quelques mois plus tard.
Égypte : juillet 2013
Des soldats menés par le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, l'actuel dirigeant du pays, renversent le président Mohamed Morsi. L'UA avait suspendu alors en le pays arabe.
Burkina Faso : septembre 2015
Alors que le pays du Sahel tente de naviguer dans une transition fragile forcée par le départ du dirigeant Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré et les soldats qui lui sont fidèles renversent brièvement le président intérimaire Michel Kafando, suscitant l'indignation de l'UA, qui suspendra le Burkina Faso.
Soudan : avril 2019
Après des mois de marches populaires, les Soudanais renversent le président Omar El-Béchir et le placent sous la garde de l'armée. L'Union africaine demande rapidement aux généraux de remettre le pouvoir aux civils, mais ses avertissements sont ignorés.Après un massacre de manifestants à Khartoum en juin, l'UA suspend le Soudan.
Mali : Août 2020
Des soldats dirigés par le colonel Assimi Goita ont profité des manifestations populaires à Bamako pour déposer le président Ibrahim Boubacar Keïta. L'UA a immédiatement suspendu ce pays d'Afrique de l'Ouest.
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