Ethiopie
La situation au Tigré est "horrible", avec de nombreuses personnes qui meurent de faim et des viols qui se multiplient, a dénoncé le chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) lundi, lui-même originaire de cette région du Nord de l'Ethiopie, en proie à la guerre.
"Au moment où nous parlons, la situation dans le Tigré éthiopien est, si je devais utiliser un seul mot : horrible ! Tout à fait horrible", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors du point de presse bi-hebdomadaire de l'organisation à Genève. Depuis novembre 2020, le Tigré est le théâtre d'un conflit impliquant notamment les forces éthiopiennes et érythréennes, et est marqué par de nombreuses exactions contre les populations civiles.
"De 4,5 à presque 5 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire. De nombreuses personnes ont commencé à mourir de faim et la malnutrition sévère et aiguë est de plus en plus répandue. (...) Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées ou expulsées de chez elles. Et plus de 60 000 ont fui au Soudan", a souligné le Dr Tedros. "Les viols se généralisent", comme nulle part ailleurs dans le monde actuellement, a-t-il estimé.
Quant aux services de santé, a-t-il dit, ils "sont détruits, pillés et la majorité d'entre eux ne fonctionnent pas". Avant d'ajouter que la Covid-19 était "le dernier de leurs soucis", alors qu'il était interrogé par un journaliste sur la situation de l'épidémie dans le pays.
Urgences sanitaires
Le Tigré est le théâtre de combats depuis début novembre 2020, après la décision du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, d'envoyer l'armée en déloger le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigeait alors la région et contestait depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral. Dimanche, l'UE a dénoncé les entraves mises par l'Ethiopie à l'aide humanitaire, demandant des sanctions contre cette "grave violation du droit humanitaire international" selon elle.
Le directeur du programme des urgences sanitaires de l'OMS, Michael Ryan, a lui affirmé lundi que "l'accès est le problème clé au Tigré". L'accès aux victimes au Tigré "reste très imprévisible, et cela est dû aux hostilités", a-t-il expliqué."C'est un énorme obstacle pour accéder aux populations qui ont besoin de notre aide. Les rapports continus d'atrocités et d'attaques perturbent toute tentative", a-t-il poursuivi.
Accès à l'aide
Alors que la majorité des installations sanitaires sont soit détruites, soit inaccessibles, l'OMS craint des épidémies de choléra, de rougeole et d'autres maladies. "Nous avons également des problèmes pour continuer à acheminer les vaccins. Nous avons approuvé des doses de vaccin pour le Nord de l'Ethiopie pour la vaccination contre le choléra et nous devons faire parvenir ces doses et planifier ces campagnes pour éviter une catastrophe", a souligné Michael Ryan.
Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a rejeté lundi soir les préoccupations sur l'accès à l'aide. "Il y a eu en effet des difficultés pour accéder à certaines zones" en raison "de problèmes de sécurité, mais cela est maintenant réglé", écrit le ministère dans un communiqué. "C'est pourquoi il est absurde pour certains partenaires de continuer à déplorer le manque d'accès malgré la situation réelle sur le terrain", ajoute le ministère éthiopien.
Le communiqué ajoute que le gouvernement éthiopien s'était engagé à enquêter sur les violations des droits, dénonçant "des accusations injustes et injustifiées contre l'Ethiopie", sans mentionner le nom du directeur de l'OMS.
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