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Gaspillage et réchauffement climatique : œuvrer pour un monde plus propre

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Cette semaine, Inspire Middle East s’intéresse au rôle de l‘énergie durable dans la construction d’un monde plus propre.

L’occasion d’une rencontre avec Kadri Simson, la commissaire à l‘énergie de l’Union européenne pour évoquer les besoins énergétiques à court et à long terme, ainsi que leur provenance et l’approvisionnement.

Au programme également de ce numéro, le gaspillage alimentaire. Rebecca McLaughlin-Eastham et son équipe abordent son coût pour l’économie mondiale et mettent en lumière des initiatives prises aux Émirats arabes unis pour lutter contre ce problème environnemental.

Depuis sa création en 2008, la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi cherche à accélérer le développement durable au niveau national et mondial.

Lors de l’ouverture de l‘événement, le ministre d‘État des Émirats arabes unis a détaillé les différents investissements du pays dans des projets énergétiques ainsi que les projections en la matière pour les années à venir.

“Aux Émirats Arabes Unis, nous avons augmenté notre portefeuille d‘énergies renouvelables de plus de 400 % en 10 ans et nous sommes en bonne voie pour le doubler encore au cours des dix prochaines”, a dit M. Sultan Al Jaber, ministre d‘État des Émirats arabes unis et PDG du groupe ADNOC.

Le PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi a ensuite expliqué comment les Émirats Arabes Unis complétaient leur portefeuille d‘énergie propre.

“Cette année, en 2020, nous serons le premier pays de la région à fournir une énergie nucléaire sûre, commerciale et pacifique”, a précisé M. Sultan Al Jaber.

Sous l‘égide de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et comme cela avait été fait lors de l’assemblée du Forum mondial de l‘énergie du Conseil atlantique, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l‘énergie (AIE), a déclaré que les industries et les gouvernements luttaient pour lutter contre le changement climatique mais que l‘écart entre “les perceptions et la réalité” du problème se creusait.

Entretien avec Kadri Simson, commissaire à l‘énergie de l’Union européenne

Pour discuter des défis auxquels les décideurs politiques sont confrontés aujourd’hui – alors qu’ils sont aux prises avec la problématique du changement climatique et les pressions géopolitiques – Inspire Middle East s’est entretenu avec Kadri Simson, la commissaire à l‘énergie de l’Union européenne.

Rebecca McLaughlin-Eastham, euronews : Madame la Commissaire, bienvenue dans Inspire Middle East. Vous n’êtes pas venue ici seulement pour assister à ce sommet. Peut-on aussi supposer que vous êtes aussi présente pour passer des accords et signer des partenariats ? Si c’est le cas, de quoi avez-vous discuté ?

Kadri Simson : C’est tout à fait exact. Nous cherchons des partenaires, car l’Union européenne a adopté un programme sur le changement climatique très ambitieux, mais cela ne fera pas une grande différence si nous réalisons seuls ce que nous avons promis. Car à l’heure actuelle, les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne ne représentent que 9 % des émissions mondiales. Nous avons donc besoin de supporters, de partenaires.

Permettez-moi de revenir sur ce point, car en termes d‘émissions de CO2, elles ont atteint des niveaux records l’année dernière alors que fleurissent les sommets et réunions sur la question du changement climatique. Le chef de l’Agence internationale de l‘énergie atomique affirme que l‘écart entre “les perceptions et la réalité” du problème se creuse. Êtes-vous d’accord avec cela ? Et comment pouvons-nous y remédier ?

Kadri Simson : Nous pouvons montrer l’exemple. Dans l’Union européenne, nous avons décidé que chaque État membre mettrait en œuvre un plan national sur le climat et l‘énergie. Nous savons donc aujourd’hui que nous avons des plans concrets pour réaliser ce que nous avons promis d’ici 2030. Cela signifie que si nous mettons en place tout ce qui a été convenu, nous réduirons nos émissions de gaz à effet de serre de 45 %.

La Turquie et la Russie ont inauguré le gazoduc TurkStream, qui transporte le gaz naturel russe vers l’Europe via la Turquie. Quelle est l’importance de cet accord ?

Kadri Simson : L’Union européenne est le plus grand importateur de gaz naturel et il est très important pour nous d’avoir des itinéraires diversifiés. Nous voulons que chaque État membre ait des fournisseurs différents. Ainsi, pour les nouveaux ou anciens gazoducs provenant d’un pays tiers, il existe une règle selon laquelle ils doivent être compatibles avec nos réglementations et nos normes. Cela signifie que les tarifs doivent être dégroupés et équitables, et qu’ils doivent être ouverts aux tiers.

Allons plus loin et évoquons ce que cela signifie concernant les relations diplomatiques entre Moscou et Kiev qui se sont détériorées depuis 2014. L’accord qui a été trouvé va limiter le transit du gaz russe pour l’Europe via l’Ukraine. Qu’en est-il sur le plan diplomatique ?

Kadri Simson : L’année dernière, nous avions organisé des discussions trilatérales entre la Russie et l’Ukraine. Il est très positif que Moscou et Kiev soient parvenus à un accord définitif de transit gazier pour les cinq années à venir.

Que pensez-vous des éventuelles sanctions évoquées par les Etats-Unis contre l’accord TurkStream, afin, disent-ils, de prévenir une agression russe ?

Kadri Simson : Nous espérons pouvoir coopérer positivement avec les États-Unis et que toutes les actions menées légalement soient acceptées.

Il y a aussi, bien sûr, l’accord sur le gazoduc EastMed pour l’Europe qui ne satisfait pas la Turquie. Ankara assure que le gazoduc transanatolien qui existe déjà est suffisant. La Turquie a-t-elle raison ?

Kadri Simson : Nous voulons avoir des itinéraires diversifiés, et au-delà des gazoducs, nous prenons aussi en compte le rôle du gaz naturel liquéfié (GNL). Donc, différents itinéraires, différents fournisseurs, cela fait partie de notre politique pour atteindre la sécurité énergétique.

A Abu Dhabi, nous nous trouvons non loin du détroit d’Ormuz. Quel est votre avis concernant les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran et comment envisagez-vous l’avenir de ce détroit en matière de sécurité énergétique ? Il s’agit d’un couloir maritime stratégique sur la route de l’approvisionnement énergétique.

Kadri Simson : Du point de vue de l’Union européenne, nous pensons que la diplomatie est un outil puissant et nous sommes toujours ouverts aux négociations diplomatiques. Ce sera encore le cas dans l’avenir.

Prix Zayed de la durabilité

Alors que les commissaires et les chefs d‘État ont tenu des réunions de haut vol lors de la semaine de la durabilité d’Abou Dhabi, les innovateurs énergétiques de demain ont, eux, été honorés pour leurs références écologiques.

Dix lauréats, des PME aux lycées, en passant par des organisations à but non lucratif, ont reçu le prix Zayed de la durabilité, doté de trois millions de dollars.

Électriciens sans frontières a été récompensé pour son impact positif sur l‘énergie. Cette entreprise française, qui opère dans près d’une quarantaine de pays, fournit de l’eau et de l‘électricité à des communautés défavorisées et intervient notamment dans les camps de réfugiés.

Le président de l’ONG nous a dévoilé ses ambitions pour l’avenir.

“Le projet, depuis son lancement, a touché environ 50 000 personnes, et il reste encore un grand nombre de personnes dans les camps de réfugiés, près d’un million de personnes. Il y a beaucoup, beaucoup de choses que nous pourrions faire pour eux”, explique Hervé Gouyet.

Cette 12e édition étant terminée, les organisateurs se tournent déjà vers les gagnants de l’année prochaine qui seront non seulement des innovateurs dans le domaine de l‘énergie, mais aussi, on l’espère, des pionniers du développement durable dans les domaines de l’eau, de la santé et de l’alimentation.

Stop au gaspillage alimentaire

Selon les Nations unies, chaque année, environ un tiers de tous les aliments produits pour la consommation mondiale est perdu ou gaspillé.

Salim Essaid nous en dit plus sur la situation aux Émirats arabes unis et en particulier sur les actions mises en place pour traiter le problème à la racine.

Se salir les mains pour sauver la planète. À Dubaï, de très jeunes enfants apprennent l’importance du recyclage des déchets. Pommes, oignons, feuilles, brindilles, les bambins sont initiés très tôt au principe et à l’intérêt du compostage.

Après la pratique, les enfants nous racontent ce qu’ils ont appris aujourd’hui sur le recyclage, son fonctionnement et ses raisons. Pour eux, il est avant tout important de comprendre.

“Nous leur expliquons ce qui risque d’arriver si nous ne faisons pas tout ça. Nous leur montrons de petites vidéos sur ce qui pourrait se passer si la planète continue de se réchauffer et quels problèmes pourraient rencontrer les animaux”, explique Lovita Tariq, fondatrice de la crèche Kids World.

Les statistiques sont alarmantes. Plus d’un tiers de la nourriture dans le monde – soit environ un milliard de tonnes – est gaspillé chaque année depuis 2011, selon les Nations unies.

Pour le Giec, à l’échelle mondiale, le gaspillage représente 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) présente, lui, le gaspillage alimentaire comme le principal facteur de la déforestation et de la diminution des sources d’eau dans le monde.

Il est donc important, voire primordial, de sensibiliser la jeune génération au gaspillage alimentaire.

Salim Essaid, euronews : “Les habitudes alimentaires enseignées à ces enfants sont celles que les adultes devraient mettre en œuvre aujourd’hui afin de préserver la planète pour les générations futures. Certains innovateurs technologiques pensent qu’il n’est pas trop tard. Ils encouragent les restaurants et les hôtels, gros producteurs de déchets alimentaires, à sortir des sentiers battus”.

Les pays arabes du Golfe unis sont parmi les plus gros gaspilleurs de nourriture au monde, selon le fournisseur de services environnementaux Dubai Carbon. Les Émirats arabes unis jettent, à eux seuls, près de 3 kg de nourriture par personne et par jour, c’est plus du double qu’en Europe.

Le gaspillage alimentaire coûte aux Émirats arabes unis environ 3,5 milliards de dollars par an. Le pays a pris des mesures et s’est tourné vers des entreprises technologiques comme la start-up londonienne Winnow Solutions pour trouver des réponses innovantes.

Ce type de gaspillage dans la région est souvent lié à l’excès de nourriture proposé lors de buffets disproportionnés.

“C’est dans la culture de cette région du monde, les invités ne doivent jamais manquer, mais cela ne signifie pas qu’ils veulent produire de manière exagérée”, explique Ignacio Ramirez, le directeur général de Winnow Solutions.

La plupart des aliments sont jetés avant même d’arriver dans nos assiettes. Un constat que les Émirats arabes unis prennent au sérieux. En 2018, plus d’un million de repas ont été sauvés et le pays s’engage à réduire de 50 % ses déchets alimentaires d’ici 2030.

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