Ethiopie
Les Éthiopiens ont célébré Fasika, la fête de Pâques, avec une ferveur particulière. Dans un contexte national encore marqué par les cicatrices de conflits internes et une crise économique persistante, cette grande célébration chrétienne s’est muée dimanche en un puissant moment de foi, de résilience et de partage.
À l’église Bole Medhanialem, dans la capitale, des centaines de fidèles ont assisté aux longues prières du Vendredi saint et de la veille pascale. Le prêtre Leul Adbaru, figure respectée de la communauté, a livré un message fort sur la signification du sacrifice de Jésus-Christ.
« Puisque notre Dieu, qui est mort par amour, désire l'amour, nous devons donc vivre dans l'amour », a-t-il déclaré, en appelant les croyants à la miséricorde, au soutien des plus vulnérables et à la compassion en ces temps troublés.
Cette invitation résonne dans un pays encore sous tension. Après la guerre dévastatrice dans le Tigré, qui s’est officiellement achevée par un accord de paix en 2022, la région voisine de l’Amhara reste en proie à de graves troubles. À cela s’ajoutent une inflation galopante, un taux de chômage élevé, et des millions de personnes toujours fragilisées par les conséquences du conflit.
Dans ce climat, les traditions pascales prennent une importance nouvelle. À l’église Medhanialem, les célébrations ont été aussi spirituelles qu'humanitaires. Mulumebet Jembere, bénévole depuis plus de 40 ans, témoigne :
« C’est une fête que nous offrons à tous, y compris aux saints prêtres et diacres. Demain aussi, les nécessiteux passeront toute la journée avec nous. »
Cette hospitalité ne se limite pas aux prières. Les Éthiopiens mettent un point d’honneur à offrir des repas, y compris de la viande crue traditionnelle – à ceux qui n’en ont pas les moyens. Cette année, nombre d'entre eux ont dû compter sur des organisations caritatives locales pour participer aux festivités, tant le coût de la vie a explosé.
Dans tout le pays, les églises ont été remplies de fidèles mettant fin à un jeûne de 55 jours, fidèles à la tradition chrétienne orthodoxe majoritaire. La fête de Pâques, au-delà de sa dimension religieuse, apparaît comme un rare moment d’unité nationale, où l'entraide supplée aux fractures sociales et où la foi offre un refuge aux douleurs du présent.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, dans son message pascal, a une nouvelle fois appelé à l’humilité, à la consultation et à la réconciliation. Mais pour beaucoup d’Éthiopiens, ce sont surtout les gestes du quotidien, les repas partagés et la compassion entre voisins qui traduisent le mieux cet esprit de renaissance.
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