Italie
La libération par l’Italie d’Ossama al-Masri, chef de milice libyen accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, suscite une vive controverse, tant sur le plan politique qu’humanitaire.
Arrêté dimanche à Turin sur la base d’un mandat émis par la Cour pénale internationale (CPI), al-Masri a été relâché mardi par la Cour d’appel de Rome en raison d’un vice de procédure. La justice italienne a estimé que le ministère de la Justice, chargé des relations avec la CPI, aurait dû être informé avant son arrestation. Peu après sa libération, al-Masri a été renvoyé en Libye à bord d’un avion des services secrets italiens, où il a été accueilli triomphalement à l’aéroport de Mitiga par des partisans.
Al-Masri, chef d’une milice contrôlant des centres de détention à Tripoli, est accusé d’avoir orchestré de graves abus dans la prison de Mitiga depuis 2011, notamment des violences systématiques, des tortures et des traitements inhumains envers des migrants et des détenus. Des vidéos montrant des célébrations à son retour en Libye ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, ajoutant à l’indignation internationale.
Réactions politiques et humanitaires
Plusieurs ONG, dont Mediterranea Saving Humans et Refugees in Libya, ont dénoncé la décision italienne. Le père Mattia Ferrari, aumônier de Mediterranea Saving Humans, a déclaré :
« Depuis de nombreuses années, nous sommes en contact avec des migrants qui ont séjourné dans cette prison et qui ont été victimes d'horreurs indescriptibles. Il est question de violences, de viols et de bien d'autres choses que les gens ont même du mal à raconter. (...) Nous dénonçons le travail de nombreux chefs de la mafia libyenne, dont précisément al-Masri, qui est l'un d'entre eux. »
Ces ONG rappellent que des milices libyennes, comme celle dirigée par al-Masri, gèrent des centres de détention où des abus systématiques sont documentés. Ces milices, bien qu'accusées de graves violations des droits humains, sont intégrées aux forces officielles libyennes et bénéficient de financements indirects de l’Union européenne dans le cadre d’accords visant à freiner les départs de migrants vers l’Europe.
Un gouvernement sous pression
En Italie, l’opposition politique a vivement réagi. Matteo Renzi, ancien Premier ministre, a dénoncé une hypocrisie :
« Quand la CPI désigne un criminel dangereux, on ne le renvoie pas tranquillement chez lui dans un avion des services secrets. Cette décision est indécente. »
Le Parti démocratique a exigé que la Première ministre Giorgia Meloni s’explique devant le Parlement, estimant que cette affaire soulève des questions graves sur l’engagement de l’Italie envers la justice internationale.
Un appel à la justice internationale
Pour les ONG et les défenseurs des droits humains, cette libération est un revers majeur dans la lutte contre l’impunité des responsables de crimes graves. Elles appellent les États européens et les institutions internationales à intensifier leurs efforts pour soutenir les victimes et garantir que des individus comme al-Masri répondent de leurs actes devant la justice.
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