Maroc
Un journaliste marocain qui avait accusé un homme politique de premier plan de fraude a été condamné lundi à une peine de prison dans une affaire qui a suscité la condamnation internationale des défenseurs de la liberté de la presse.
Hamid Mahdaoui purgera une peine d'un an et demi de prison et devra payer une amende équivalente à 150 000 dollars après avoir été reconnu coupable de diffamation, a déclaré son avocat Mohamed Hedach à l'Associated Press.
Mahdaoui, le rédacteur en chef de Badil.info, a été poursuivi après une plainte du ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi. Mahdaoui avait publié une vidéo sur son site Web accusant Ouahbi de corruption et de fraude, deux accusations niées par le ministre de la Justice.
Les accusations ont été portées après que le Parti royaliste Authenticité et Modernité, dirigé par Ouahbi, a été pris au piège d'une controverse l'année dernière lorsqu'un trafiquant de drogue malien emprisonné a impliqué des membres du parti dans une affaire de trafic de drogue tentaculaire qui a secoué le royaume d'Afrique du Nord.
L’affaire Mahdaoui a suscité des critiques internationales car il est poursuivi en vertu du code pénal marocain et non du code de la presse régissant la conduite des journalistes.
En octobre, Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières pour l’Afrique du Nord, a qualifié cette affaire de « détournement du système judiciaire pour intimider et faire taire la presse ».
Mahdaoui a été emprisonné en 2017 après avoir publiquement apporté son soutien à des militants qui ont mené des manifestations contre les inégalités sociales et économiques. Il a été condamné à trois ans de prison pour ne pas avoir signalé aux autorités qu’un Marocain d’origine néerlandaise lui avait dit que des armes étaient envoyées aux manifestants. Il a ensuite déclaré qu’il n’avait pas signalé l’information parce qu’il ne prenait pas l’information au sérieux.
Le Maroc a été critiqué ces dernières années pour avoir emprisonné des journalistes et des militants connus pour avoir critiqué le gouvernement. Le roi Mohammed VI a gracié et libéré les trois journalistes emprisonnés les plus éminents du pays – Omar Radi, Taoufik Bouachrine et Soulaimane Raissouni – en juillet.
L'avocat de Mahdaoui, Hedach, a déclaré que ce dernier n'avait pas encore décidé s'il ferait appel du verdict de lundi.
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