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FAO : les femmes encore marginalisées dans l'agriculture et l'alimentation

Des agricultrices cueillent des feuilles de thé dans une plantation de thé à Gisakura, dans le sud-ouest du Rwanda, le 5 mai 2022.   -  
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SIMON WOHLFAHRT/AFP or licensors

FAO

Elles possèdent moins de terres, gagnent moins d'argent et sont plus vulnérables face aux crises: indispensables pour nourrir le monde, les femmes occupent une place encore "marginale" dans la production alimentaire, souligne la FAO, dans un rare état des lieux sur les inégalités criantes du secteur.

Des champs aux lignes de production, elles doivent "composer avec des conditions de travail souvent plus difficiles que celles des hommes, dans la mesure où elles sont cantonnées à des emplois occasionnels ou à temps partiel, informels, peu qualifiés" et donc plus précaires.

Même si leur accès aux technologies ou au crédit s'est amélioré depuis 2010, date du dernier rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture sur le sujet, "la résorption de la plupart des disparités femmes-hommes marque le pas", et certains écarts se sont accentués avec la pandémie de Covid-19.

En s'attaquant à ces inégalités et en donnant "aux femmes les moyens de s'autonomiser, nous ferons un grand pas vers les objectifs d'élimination de la pauvreté" et de la faim, a estimé dans le rapport le directeur général de la FAO,  Qu Dongyu.

Selon cette étude, les femmes représentent plus de la moitié de la main d'oeuvre agricole dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, et un peu moins de la moitié en Asie du Sud-Est.

Elles "occupent une part plus grande des emplois agricoles dans les pays moins développés sur le plan économique, dans la mesure où elles n'ont que très peu de possibilités d'exercer un emploi non agricole", par manque d'éducation notamment.

Un peu partout dans le monde, elles accusent un retard important dans l'accès aux terres, aux intrants (engrais, semences), aux financements ou aux technologies, alors qu'elles sont souvent plus dépendantes de l'agriculture pour survivre. Du fait de ce manque de ressources chez les femmes, les exploitations gérées par des hommes sont 24% plus productives que les leurs à taille égale.

Dans le secteur de l'élevage, elles possèdent généralement moins de bétail, et des animaux moins gros (ovins, caprins).

Répartition "rigide" des rôles

Malgré des avancées, "la part des hommes qui détiennent des droits de propriété ou des droits garantis sur des terres agricoles est deux fois plus élevée que celle des femmes", dans les quelque 40% des pays qui fournissent des données sur la propriété foncière des femmes.

Leur revenu est également inférieur de 18,4% dans le secteur agricole salarié.

De par leur manque de ressources et d'information, "les femmes disposent aussi d'une capacité d'adaptation et de résilience moindre lors de chocs climatiques" ou de crises économiques.

Pendant la première année de la pandémie de Covid-19, "22% des femmes ont perdu leur emploi" dans les industries agroalimentaires, contre seulement 2% des hommes, et l'insécurité alimentaire des femmes s'est "aggravée plus vite que celle des hommes".

D'autre part, "elles ont moins de chances d'accéder à l'entrepreneuriat ou au travail agricole indépendant, et sont engagées dans la production de cultures moins lucratives", en parallèle de leurs tâches domestiques non rémunérées.

Résorber le fossé entre hommes et femmes sur les salaires et la productivité agricole "permettrait d'accroître le PIB mondial de 1%" à hauteur de 1.000 milliards de dollars, selon l'ONU, et de faire baisser de 45 millions le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire.

Si la majorité des politiques publiques agricoles intègrent ces problématiques, seules 19% d'entre elles affichent l'égalité des genres comme objectif explicite, relève la FAO.

Cela suppose de s'attaquer à une "répartition rigide des rôles fondée sur le genre", et de combler le "manque persistant de données de qualité ventilées selon le sexe, l'âge et d'autres facteurs de différenciation sociale et économique".

Une plus grande autonomisation des agricultrices et travailleuses de l'agroalimentaire, via une meilleure éducation, l'accès à la propriété ou même la garde des enfants, s'avèrerait aussi "extrêmement bénéfique pour le bien-être des femmes et pour la société dans son ensemble", tant sur la santé que sur la qualité de l'alimentation produite.