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Ethiopie : le docteur devenu porte-parole de la cause tigréenne

Tewodros Tefera est un chirurgien éthiopien réfugié au Soudan.   -  
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AFP

Ethiopie

Tewodros Tefera est l'une des 60 000 personnes qui ont fui les violences ethniques dans la région du Tigré, au nord de l'Éthiopie, en traversant la frontière vers un coin reculé du Soudan. Il est chirurgien et père de famille. Chaque matin, il se réveille sous une bâche en plastique et se rappelle qu'il est aussi un réfugié.

Horrifié par ce qu'il a vu lorsque les combats entre les forces éthiopiennes et celles du Tigré ont débuté il y a six mois, et par les récits des nouveaux arrivants, cet homme de 44 ans fait la chronique de la douleur, même s'il la soigne."C'est de pire en pire", dit-il en parlant de la vie chez lui.

Sa femme et ses jeunes enfants sont restés en Éthiopie, et il ne sait pas quand il les reverra. Ils ne savent pas à quel point son expérience a été brutale, et il hésite à leur en parler. Autrefois aisé, il est arrivé au Soudan avec les seuls vêtements qu'il portait - un pantalon de jogging et un polo - et son alliance.

Pour Tewodros, la transformation de médecin reconnu dans l'un des plus grands hôpitaux du Tigré en porte-parole de son peuple n'a pas été facile. Il remplit désormais de nombreux cahiers pour constituer un "dossier" sur le conflit du Tigré. Il rêve parfois de le porter devant la Cour pénale internationale dans une quête de justice.

Bénévole dans une clinique soudanaise

Il apporte également son aide dans une clinique gérée par le Croissant-Rouge soudanais dans la communauté frontalière de Hamdayet. Sans eau courante ni électricité, lui et une poignée de collègues voient plus de 100 patients par jour. Tewodros a mis au monde des bébés et soigné des blessures par balle, malgré la pénurie d'anesthésiants.

L'Éthiopie qui se dit "profondément consternée" par la mort de civils, rejette la responsabilité sur les dirigeants du Tigré, désormais en fuite, et affirme que la normalité revient petit à petit. Mais les patients de Tewodros lui disent que les meurtres, les viols collectifs et les expulsions massives de l'ethnie tigréenne se poursuivent, alors que quelque 6 millions de civils sont pris pour cible en raison du passé politique de leurs dirigeants.

Entre les consultations, Tewodros est également sollicité par d'autres réfugiés pour des questions communautaires, des confidences secrètes ou des questions juridiques. Pendant ce temps, il apprend des phrases en arabe pour améliorer son traitement des Soudanais locaux.

A propos du conflit, il dit qu'on ne peut pas parler de guerre : "c'est quelque chose qui vise à nettoyer quelqu'un sur la base de son identité, sur la base de ce qu'il est." Il pense que les meurtres ne sont qu'une première étape contre les Tigréens, la famine sera la suivante. Il a déjà vu arriver un certain nombre de personnes souffrant de malnutrition sévère.

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