Tchad
Un dialogue pour tenter de préserver la stabilité du pays après la mort du Maréchal Idriss Déby Itno, et la prise du pouvoir par le Conseil Militaire de Transition, l’idée fait du chemin au Tchad. Après la société civile et l’opposition, rebelles et militaires partisans de l'ex-président n'écartent plus la possibilité de recourir à l’arbre à palabres.
C’est peut-être enfin une bonne nouvelle qui marque la fin d’une semaine noire pour le pays. Les rebelles du Front pour l’alternance et la Concorde au Tchad, FACT, ont décidé de mettre un peu d’eau dans leur vin. Alors qu’ils mènent depuis deux semaines, une offensive contre le pouvoir en place à N’djamena et auraient tué le chef de l’Etat Idriss Déby Itno, ils ont annoncé samedi leur ‘’ "disponibilité à observer un cessez-le-feu" tout en jetant leur dévolu sur une solution politique à la crise.
Le patron de la rébellion, Mahamat Mahadi Ali affirme que ''son mouvement a toujours d’ailleurs appelé au dialogue depuis 5 ans maintenant''. Une main tendue toujours rejetée selon ses mots par le Maréchal Idriss Déby Itno.
Les lignes bougent. Les partisans de l’ancien président se disent aussi ouverts au dialogue, mais avec circonspection. Ils mettent en avant, la nécessité de définir ses contours. Pas question, disent-ils en filigrane, d’ouvrir la voie à une messe qui exigera la remise en question de l’ensemble de l’édifice. Une manière de mettre en garde l’opposition qui se veut déjà catégorique.
"Nous refusons les faits accomplis et dénions à la junte militaire la légitimité politique de gérer le pays, pour cause de prise de pouvoir par la force, contraire au droit national et aux engagements africains et internationaux du Tchad. Les forces vives entendent par dialogue inclusif l'implication et la participation de tous les acteurs qu'ils aient ou non pris les armes pour conquérir le pouvoir", ont ainsi déclaré samedi plusieurs associations de la société civile et partis politiques regroupés au sein du collectif "Wakit Tama".
Pression de la société civile
Comme pour mettre davantage la pression sur la junte, la Coordination des actions citoyennes a enfoncé le clou. Samedi, elle a appelé les Tchadiens à descendre dans la rue. Tout en sollicitant la protection de la communauté internationale. Galvanisée certainement par les appels en faveur de la restauration de l’ordre constitutionnel.
Suffisant peut-être pour attirer l’attention des pays qui ont commencé à offrir leurs bons offices. Des contacts entre chefs d’Etats de la sous-région et les différents acteurs de la crise auraient démarré en marge des funérailles du défunt président. Une communauté qui redoute les conséquences de l’embrasement du Tchad dans une zone déjà minée par les exactions djihadistes.
Mais le chemin vers le dialogue n’est pas sans obstacles. Néanmoins, les médiateurs promettent de poursuivre l’œuvre amorcée. Même si derrière les premiers contacts résonnent encore les sons des armes. Mahamat Mahadi Ali, le chef du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad a affirmé que ses troupes continuaient de se faire bombarder par l'armée tchadienne. La dernière fois samedi, en début de matinée.
"Ce sont des rebelles, c'est pourquoi on les bombarde. On fait la guerre, c'est tout", a réagi Azem Bermandoa Agouna, le porte-parole du Conseil militaire de transition.
Des accrochages qui rappellent peut-être l’impérieuse nécessité du dialogue.
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