Soudan
Le bilan des affrontements tribaux qui font rage depuis samedi dernier au Soudan ne cesse de grimper. Au moins 87 personnes auraient été tuées dans des affrontements tribaux autour d'El-Geneina, capitale du Darfour-Occidental, où l'état d'urgence a été décrété.
Le Comité local des médecins. a décompté "37 morts et 59 blessés (supplémentaires), soit un total de 87 morts et 191 blessés", selon un communiqué de la branche locale du Comité central des médecins, fondé en 2016 pour représenter la communauté médicale soudanaise.
Les affrontements entre les membres de la tribu arabe Rizeigat et ceux de la communauté Al-Masalit auraient débuté après que deux membres de la communauté Al-Masalit aient été tué, affirme Salah Saleh, un médecin de la province du Darfour-Occidental. Les circonstances de leur mort ne serait pas encore connues, ajoute t-il, confirmant néanmoins que les violences se sont étendues à d'autres quartiers de la capitale régionale.
Les affrontements paralysent l'aide humanitaire
Le Comité central des médecins soudanais a ajouté que des hommes armés avaient ouvert le feu sur une ambulance, blessant trois travailleurs médicaux. Adam Regal, porte-parole d'une organisation locale aidant les réfugiés au Darfour, affirme qu'un tir de mortier aurait frappé un camp de déplacés situés à El-Geneina, provoquant un départ de feu qui a brûlé plusieurs habitations.
Des témoins oculaires ont indiqué que des affrontements continuaient à 15h locales. "Nous sommes restés chez nous mais nous entendons des coups de feu proches et une grenade a atterri dans la maison de notre voisin", a raconté par téléphone Adam Issa, habitant du sud-ouest d'El-Geneina.
Lundi soir, les autorités ont instauré l'état d'urgence et déployé l'armée au Darfour-Ouest. Les "opérations humanitaires et les vols ont été suspendus" à El-Geneina, plaque tournante de l'aide dans la région, affectant "plus de 700 000 personnes", selon l'ONU. En janvier, deux semaines après la fin de la mission de paix conjointe de l'ONU et de l'Union Africaine (Minuad) au Darfour, des affrontements similaires avaient fait plus de 200 morts, la plupart au Darfour-Ouest.
Le conflit a éclaté dans cette région en 2003 entre des forces du régime de l'ex-président Omar el-Béchir, destitué en avril 2019 sous la pression de la rue, et des membres de minorités ethniques s'estimant marginalisées. Le pouvoir avait déployé des milices armées composées essentiellement de nomades arabes, accusés notamment de "nettoyage ethnique".
Les violences ont fait quelque 300 000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés, essentiellement durant les premières années du conflit, selon l'ONU. Le gouvernement de transition a signé en octobre un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles, notamment du Darfour. Mais certains groupes insurgés de la région ne l'ont pas signé.
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