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Ethiopie : mission presque impossible de l’aide humanitaire au Tigré

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Ethiopie

Le gouvernement fédéral éthiopien a lancé une opération militaire dans sa région dissidente du Tigré le 4 novembre dernier. La région du nord de l'Ethiopie est quasiment coupée du monde depuis.

Depuis, des millions de déplacés ont fui les affrontements pour sauver leur vie en laissant tout ce qu’ils avaient sur place. Selon Ato Abera Tolae, directeur de la Croix-Rouge éthiopienne, ce nombre pourrait augmenter de façon exponentielle si rien n’est fait pour que les aides humanitaires mènent leur mission à bien.

À leur arrivée dans les camps de déplacés installés dans les pays voisins, comme le Soudan ou l’Érythrée, mais aussi dans d’autres villes du Tigré, ils témoignent de scènes violentes et leurs corps émaillés et frêles attestent du manque d’eau et de nourriture dont ils souffrent.

Le directeur de la Croix-Rouge éthiopienne s’est exprimé lors d’une conférence de presse en ligne depuis Addis Abeba, et confirme que malgré l’envoi des premiers convois, dont le premier en décembre 2020 plus d’un mois après le début des combats, plus de 80% de la région du Tigré ne sont toujours pas accessibles à l’aide humanitaire.

Sans détour, Ato Abera Tolae dévoile ses craintes d voir arriver une véritable catastrophe humanitaire au Tigré, d’où des cas de famine ont déjà été rapportés.

Le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la paix Abiy Ahmed a annoncé fin novembre la fin officielle de l'opération militaire lancée pour déloger les autorités dissidentes du Tigré, lorsque l'armée fédérale a pris le contrôle de la capitale régionale Mekele.

Mais les organisations humanitaires et des diplomates soulignent que l'insécurité dans la région entrave toujours grandement la réponse humanitaire.

M. Abera a ainsi expliqué que l'accès de l'aide humanitaire était toujours essentiellement restreint aux principaux axes routiers au nord et au sud de Mekele et que la plupart des zones rurales s'en trouvaient privées.

La Croix-Rouge éthiopienne estime désormais qu'environ 3,8 millions des quelque 6 millions d'habitants du Tigré nécessitent une aide humanitaire, en augmentation par rapport à une précédente estimation de 2,4 millions.

Qu’en dit la communauté internationale ?

Le gouvernement d'Addis Abeba assure qu'il travaille avec les Nations unies et des ONG internationales à accroître l'aide dans la région, en fonction des conditions de sécurité.

Le week-end dernier, le directeur du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM), David Beasley, a annoncé la conclusion d'un accord avec le gouvernement d'Addis Abeba pour accroître l'accès humanitaire au Tigré. Le PAM estime à 3 millions le nombre d'habitants de la région nécessitant une aide humanitaire.

La ministre éthiopienne de la Paix, Muferihat Kamil, a par ailleurs assuré que le gouvernement était en train "d'approuver en urgence les demandes de mouvement de personnel international vers et à l'intérieur du Tigré".

Lundi, les Nations unies ont d'ailleurs reçu des autorisations de se déployer au Tigré pour 25 travailleurs humanitaires internationaux mais il s'agit seulement d'un "premier pas", a indiqué à l'AFP le porte-parole du bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha), Saviano Abreu.

"La situation sur le terrain est extrêmement dramatique et les besoins ont dépassé notre capacité de réponse. Malheureusement, nous attendons toujours des autorisations pour 49 employés d'ONG et de l'ONU qui sont à Addis Abeba, prêts à être déployés au Tigré", a ajouté M. Abreu.

Un accord signé fin 2020 prévoyait que l'ONU n'aurait accès qu'aux zones du Tigré sous contrôle gouvernemental, une disposition qui demeure en vigueur.

Le Tigré demeure très difficile d'accès pour les médias et il est compliqué d'avoir une idée précise de la situation sur le terrain. Des responsables de l'ONU estiment que l'armée fédérale contrôle actuellement entre 60% et 80% du Tigré.

Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a confirmé dans une interview délivrée à nos confrères de l’AFP, que les habitants du Tigré manquaient de nourriture et de produits alimentaires ainsi que d’eau et de fournitures médicales.

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