Côte d'Ivoire
Première apparition publique de l'ancien ministre Abdallah Toikeusse Mabri en deux mois. Poursuivi pour "complot contre l'autorité de l’Etat", l’opposant ivoirien était recherché depuis le 6 novembre, au lendemain du scrutin présidentiel remporté par Alassane Ouattara.
Ancien ministre qui a rejoint l'opposition avant le scrutin d'octobre, Abdallah Toikeusse Mabri fait partie des principaux dirigeants de l'opposition qui font l'objet d'enquêtes pour "complot contre l'autorité de l'Etat", "mouvement insurrectionnel", "assassinat" et "actes de terrorisme", après avoir appelé à la "désobéissance civile" avant l'élection, puis soutenu la création d'un Conseil national de transition censé remplacer le pouvoir du président Alassane Ouattara, après le scrutin qu'ils ont boycotté.
Le procureur d'Abidjan, Richard Adou, avait annoncé après l'ouverture de ces enquêtes que Pascal Affi N'Guessan, porte-parole de l'opposition, et Abdallah Toikeusse Mabri étaient "en fuite et activement recherchés". Le premier avait été arrêté le 9 novembre. Fin décembre, il avait été libéré sous contrôle judiciaire. Des rumeurs disaient le président de l'Union pour la Démocratie et la Paix en Cote d'Ivoire (UPDCI) en fuite au Ghana voisin.
"J'étais en Côte d'Ivoire. J'étais partout et nulle part. Ce que je sais, c'est que j'étais loin de cette maison, loin des miens. J'étais heureux de noter que le président Affi N'Guessan a été mis en liberté. Il me semble que c'est le même jour et sous le même régime que des poursuites ont été annoncées contre nous. Evidemment, je pense que c'est toujours une similitude de situations, mais ce n'est pas à moi de faire une déclaration à ce sujet", a-t-il avancé.
Lors d’une rencontre avec le chef de l’opposition, Henri Konan Bédié, le président de l'UPDCI a appelé à apaiser les tensions en Cote d'Ivoire. "Nous aurons à continuer dans l'union, dans la cohésion, tout ce qui peut apporter à la Côte d'Ivoire la paix".
Maurice Kakou Guikahué, le numéro deux du Parti Démocratique de Cote d'Ivoire (PDCI), lui aussi poursuivi, a pour sa part été évacué le 20 décembre en France pour des soins médicaux urgents, aux frais de la présidence, après un mois et demi de détention.
Situation tendue
La situation était très tendue après la réélection du président Alassane Ouattara fin octobre à un troisième mandat controversé, jugé inconstitutionnel par l'opposition. Signe d'une lente décrispation, l'opposition ivoirienne, qui ne reconnaît toujours pas l'élection présidentielle, a annoncé qu'elle irait en rangs serrés aux législatives du 6 mars, avec pour objectif de décrocher "la majorité au Parlement".
Fin décembre, le Front populaire ivoirien (FPI) de l'ancien président Laurent Gbagbo, qui boycottait tous les scrutins depuis dix ans, avait annoncé son retour dans l'arène électorale. Une rencontre entre MM. Ouattara et Bédié, puis l'annonce du retour prochain de Laurent Gbagbo, actuellement en liberté conditionnelle en Belgique dans le cadre de son procès à la Cour pénale internationale, avaient contribué à apaiser la situation.
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