Madagascar
Sur 8 millions d’hectares de terres cultivables à Madagascar, entre 20 et 30% seulement sont exploités. Un paradoxe dans un pays où près de la moitié de la forêt a disparu en 60 ans. Pour aider les agriculteurs à améliorer la fertilité de leurs sols, une équipe de chercheurs agronomes prélève et analyse des échantillons de leurs sols.
Ambatolampy à 130 kilomètres de la capitale Malgache. Sur ses 9 ha de terre, Mamy cultive du riz et des pommes de terres depuis 40 ans. Un travail très rentable pour cet exploitant agricole qui gagne environ 320 000 Francs CFA par mois, soit dix fois le salaire minimum à Madagascar. Mais depuis quelques mois sa production a chuté.
« Si je cultive 200 kilos de semence de pomme de terre, je devrais obtenir 5 à 6 tonnes de pommes de terre, mais aujourd’hui, mon objectif n’est pas atteint. Nous n’avons atteint que ⅔ des résultats qu’on s’est fixés », déclare Mamy Andriamahaly, exploitant agricole.
Mamy a fait appel à une équipe d’experts agronomes, venus prélever son sol pour l’analyser. À Madagascar, 80% des terres cultivables sont inexploitées. Cela représente 8 millions d’hectares de terres. Un paradoxe, dans un pays où 45 % de la forêt a disparu. Pourtant, connaître les composants du sol permettrait de le rendre plus fertile.
« Le sol est comme l’être humain, il a besoin de manger, de respirer. Et nous, on a besoin de connaître les éléments qui lui manquent pour qu’il aille mieux », explique Mamy Nantenaina Ranaivoarison, chercheur agronome.
L‘équipe d’agronomes est de retour à Antananarivo, avec l’échantillon du sol de Mamy. C’est ici, au centre de recherche, d’agriculture et d’élevage, que sont stockés tous les échantillons prélevés sur 100 000 ha de terres. Séchage, pesage, analyse, Mamy a attendu un mois avant d’obtenir ses résultats. Son sol est en déficit d’azote, de phosphore et de potassium.
Cherté, médiance, … Beaucoup de défis
« Il faut ajouter de la dolomie, un amendement calcaire qui apporte du magnésium et du calcium. En plus ça ne coûte pas cher », déplore Donnat Alpha Maminirina, chercheur agronome.
Satisfait des résultats, Mamy sort du laboratoire plein d’espoir. « Avant, même si je travaillais beaucoup, c’était difficile de produire, étant donné que je ne connaissais pas l’état de mon sol. Mais après avoir eu ces résultats, j’espère connaître plus de succès dans l’avenir », rêve Mamy Andrimahaly.
Peu nombreux sont les paysans qui, comme Mamy, analysent leurs terres. L’opération coûte cher : entre 5000 et 38 000 Francs CFA. Selon les chercheurs, le manque de carburant et de matériel complique leur travail.
« Il nous manque des réactifs chimiques, c’est cher et en plus, on n’en fabrique pas à Madagascar, il faut en commander. En plus de ça, le prix des matériels est élevé. Par exemple, ici il y a des instruments qui sont cassés on ne peut pas les utiliser et on ne sait pas quand ils seront réparés ou remplacés », déplore Donnat Alpha Maminirina.
Il reste encore des millions d’échantillons de terres à prélever. Mais convaincre les agriculteurs d’analyser leurs sols est un grand défi. Méfiants, 60% des paysans sont attachés à la culture traditionnelle comme la culture sur brûlis.
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