Togo
2017. L’Afrique reste sous tension à bien d’endroit. Nombreux sont ceux qui refusent de taire un peu plus longtemps leur colère, donnant lieu à des manifestations populaires sur le continent. Cameroun, Maroc, Togo… et bien au-delà, les murs africains ont tremblé.
Première escale au Cameroun. Dans ce pays bilingue de l’Afrique centrale, une fronde socio-politique exprimée fin 2016 s’est muée en exigences sécessionnistes. La minorité anglophone, localisée dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, accuse le gouvernement de la marginaliser et réclame dès lors son indépendance. L’évocation de cette indépendance est catégoriquement rejetée par le pouvoir central de Yaoundé. Après un an de contestations, les tensions se sont amplifiées dès septembre 2017. En octobre, lorsque les séparatistes décident de proclamer l’indépendance des deux régions anglophones, des affrontements éclatent entre les manifestants et les forces de l’ordre. Plus d’une dizaine de personnes ont été tuées dans ces manifestations. Même si les marches ont cessé, l’affront des indépendantistes au gouvernement se poursuit avec des attaques fréquentes contre les forces de sécurité.
Direction à présent au Togo, en Afrique de l’Ouest avec un scénario tout à fait différent. L’opposition a connu un sursaut en août lorsqu’elle a décidé d’exiger un retour à la Constitution de 1992 qui entérine la limitation de mandats. Depuis, presque chaque semaine, des milliers de Togolais investissent les rues des grandes villes, notamment Lomé, pour demander le départ de Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis près de 50 ans. Le dialogue initié par ce dernier peine à se matérialiser, surtout que ces manifestations d’une puissance inédite ont déjà fait plusieurs morts.
Au Maroc, les exigences sont différentes, mais témoignent tout autant d’un ras-le-bol du peuple. Dans le Rif, région désoeuvrée du nord du Maroc, les manifestations débutées en octobre 2016 ne se sont guère estompées en 2017. Bien au contraire, ce mouvement de contestation citoyenne, le plus grand qu’ait connu le Maroc depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du roi Mohammed VI, a connu un regain avec la répression des forces de sécurité et l’arrestation des figures de la révolution. À présent, le roi tente de baisser les tensions et a promis un plan de développement pour le RIF. D’ailleurs, plusieurs ministres ont été remerciés du gouvernement pour avoir pris du retard dans les projets de développement de la région.
À action explosive, réaction explosive. Ainsi résumé le scandale des migrants africains vendus comme esclave en Libye. Cette affaire mise en lumière par la chaîne américaine CNN en septembre a suscité de vives réactions à travers l’Afrique. Sur le continent et ailleurs, des marches ont éclaté pour exiger des mesures fortes contre ces traitements d’un autre âge. Paris, Bruxelles, Mali… ont abrité des rassemblements de milliers de personnes dont les porte-parole étaient entre autres l’activiste Kémi Séba et l’animateur Claudy Siar. Finalement, des chefs d’Etat africains et européens ont décidé d’engager le rapatriement des migrants emprisonnés en Libye, tandis que ce pays a décidé d’ouvrir une enquête.
En Ethiopie, au Kenya, au Zimbabwe – où l’ancien président Robert Mugabe a cédé sur insistance de l’armée, de son parti et de la rue -, et même en Erythrée, la pression de la rue est restée l’un des recours incontournables du peuple pour faire entendre sa voix. Mais souvent, face à des armées acquises au pouvoir et au silence de la communauté internationale, ces manifestations ne restent réduites qu‘à leur simple expression.
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