République démocratique du Congo
Le gouvernement congolais a annoncé lundi l'arrestation de deux responsables militaires après la répression d'une manifestation qui a fait une cinquantaine de morts mercredi dernier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Les autorités ont aussi décidé le rappel à Kinshasa "pour consultations" du gouverneur militaire du Nord-Kivu, ainsi que la "suspension" de deux officiers de police, également rappelés dans la capitale, a annoncé lundi soir devant la presse à Goma le ministre de l'Intérieur Peter Kazadi.
Celui-ci fait partie d'une délégation officielle arrivée samedi de Kinshasa à Goma pour "faire la lumière" sur les événements du 30 août et "dégager les responsabilités", selon les termes du gouvernement.
Après une première journée de consultations, Peter Kazadi avait annoncé dans la nuit de dimanche à lundi l'arrestation de deux officiers de l'armée congolaise dont le procès, selon une source à l'auditorat militaire de Goma, pourrait débuter dès mardi ou mercredi.
Dans un communiqué, le ministère de la Communication avait ensuite précisé qu'il s'agissait du colonel Mike Mikombe, commandant de la brigade inter-armes de la Garde républicaine dans le Nord-Kivu et du lieutenant-colonel Donatien Bawili, commandant du 19e régiment du même corps.
"Nous avons auditionné tous les responsables militaires sécuritaires de la ville", avait indiqué Peter Kazadi, avant de demander "à la population de rester calme, de faire confiance au gouvernement et à la justice qui va bientôt se prononcer".
"Nous demandons également à chaque famille qui aura constaté la disparition de l'un de ses membres, de se signaler auprès de l'auditorat supérieur avec possibilité de se constituer partie civile", avait-il ajouté.
Lundi soir, Peter Kazadi a également annoncé la prise en charge par le gouvernement des obsèques de toutes les personnes ayant trouvé la mort le 30 août, ainsi que "la libération de tous les militants des mouvements citoyens appréhendés".
Une opération militaire avait été lancée tôt mercredi dernier à Goma pour empêcher la tenue d'une manifestation que comptait organiser une secte locale contre la présence dans la région des forces de l'ONU et de l'Afrique de l'Est, accusées d'inefficacité dans la lutte contre les groupes armés.
L'opération avait été conduite en particulier dans le temple et les locaux de la radio de cette secte. Un document interne de l'armée a fait état de 48 morts et 75 blessés, avant que le gouvernement ne communique un bilan de 43 morts et 56 blessés.
Le mouvement pro-démocratie Lucha (Lutte pour le changement), né à Goma et très actif en RDC, avait salué dans la journée de lundi l'arrestation des deux responsables militaires, mais demandé également celle du gouverneur de la province, du maire policier de Goma et des "soldats de rang impliqués dans ce massacre". La Lucha exigeait aussi "la libération immédiate des dizaines de survivants détenus, ainsi que des activistes arrêtés pour avoir dénoncé" cette tuerie.
Dans sa déclaration à la presse lundi soir, le ministre de l'Intérieur a aussi annoncé "l'identification de toutes les églises qui évoluent" dans la province et la fermeture "de toutes celles qui ne répondent pas aux exigences légales".
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