France
Alors que les créanciers du Club de Paris se réunissent mercredi dans la capitale française, à la veille d'un sommet international "pour un nouveau pacte financier", voici un panorama de la dette des pays les plus exposés.
Pandémie, guerre en Ukraine, crise alimentaire : selon une étude du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publiée en février, 52 pays (parmi lesquels l'Éthiopie, le Ghana, le Pakistan, le Sri Lanka, la Tunisie ou la Zambie) sont surendettés, voire risquent le défaut de paiement. Presque la moitié d'entre eux dépensent 20% de leur budget pour rembourser les intérêts de leur dette.
Parmi les pays en développement ou émergents ayant la plus importante dette en 2021 par rapport à leur PIB, on trouve le Venezuela (240,5%), le Soudan (181,9%), l'Érythrée (176,2%), le Liban (150,6%), le Cap Vert (142,3%), le Suriname (125,7%) ou encore les Maldives (124,8%), selon les chiffres du Fonds Monétaire International (FMI) cités dans ce rapport.
De quels montants parle-t-on ?
Durant la dernière décennie, l'endettement des pays en développement a plus que doublé, pour atteindre 9 000 milliards de dollars en 2021, et sans doute plus en 2022, selon le rapport annuel sur la dette internationale de la Banque Mondiale, publié en décembre.
Les raisons sont multiples : dépréciation de leur monnaie face au dollar, alors que leur dette est souvent libellée en billets verts, hausse des taux et des prix de l'énergie, de l'alimentaire et des engrais, qui viennent assécher leurs réserves de devises.
En valeur absolue, les pays en développement ou émergents ayant la dette la plus importante en 2021 sont l'Argentine (114,8 milliards de dollars), le Pakistan (94,7 mds), l'Angola (46,7 mds), l'Ukraine (44,6 mds) ou encore l'Équateur (38,7 mds), selon la Banque Mondiale.
Qui sont les créanciers ?
Le Club de Paris, groupe informel créé en 1956, est chargé de trouver des solutions aux difficultés de remboursement de la dette par les pays fragiles. Il regroupe 22 États, dont l'Allemagne, la France, l'Italie, le Japon, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore le Brésil.
Deux grandes institutions financières internationales créées en 1944, le FMI et la Banque Mondiale, font également partie des créanciers "historiques". Cependant, la dette des pays les plus pauvres est désormais principalement entre les mains du secteur privé, soulignait la Banque mondiale en décembre.
Apparu au milieu des années 1970, le Club de Londres est un groupe informel de créanciers privés (banques, fonds d'investissements).
Ces dernières années, de nouveaux créanciers ont pris de plus en plus d'importance, notamment la Chine, l'Inde ou des pays du Golfe. La Chine est ainsi devenue le principal prêteur pour plusieurs pays africains.
Que fait-on pour essayer de régler le problème ?
Lorsqu'un État ne parvient plus à rembourser sa dette, il risque de se voir couper l'accès au crédit par les institutions financières internationales ou les investisseurs privés. Pour pouvoir de nouveau emprunter, le pays doit alors trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer sa dette, souvent au prix d'un engagement à limiter ses dépenses... et de graves crises économiques et sociales.
Lors de la pandémie de Covid-19, le Club de Paris, conjointement avec le G20, avait offert aux pays pauvres un moratoire sur le paiement du service de leur dette. Parallèlement, ils ont convenu d'un "cadre commun" destiné à restructurer, voire annuler, la dette des pays qui en feraient la demande. Mais la Chine en particulier a freiné sa mise en œuvre.
Le Club de Paris espère proposer une restructuration de sa dette à la Zambie cette semaine, selon une source interne.
Quel impact sur la réaction au changement climatique ?
Ces pays "ont du mal à assumer à la fois le coût de leur dette et à trouver les ressources nécessaires pour des projets d'infrastructures ou liés au changement climatique", a souligné auprès de l'AFP Clemence Landers, du Centre pour le Développement Global.
Les besoins d'investissement pour lutter efficacement contre le changement climatique sont estimés pour les pays en développement à 2 000 à 2 800 milliards de dollars par an d'ici 2030 (hors Chine) par le Groupe d'experts de haut niveau sur la finance durable.
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