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RDC : reconstruire après l'éruption du volcan Nyiragongo

RDC : reconstruire après l'éruption du volcan Nyiragongo
Photo d'archive du 23 mai 2021 : des habitants passent au crible les roches de lave refroidies par l'éruption du Nyiragongo à Goma, dans l'est de la RDC   -  
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GUERCHOM NDEBO/AFP or licensors

République démocratique du Congo

Ils reconstruiront au même endroit. Malgré la menace perpétuelle d'une nouvelle éruption dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), des habitants de Goma qui ont perdu leurs maisons en mai n'en veulent pas à leur impétueux voisin, le Nyiragongo, mais espèrent que les scientifiques sauront prévoir sa prochaine colère.

Dans la parcelle d'Edmond, 60 ans, il y avait deux maisons de bois, la sienne et celle de son fils. Quand la famille est revenue, deux semaines après avoir fui l'éruption, elle n'en a retrouvé qu'une, vide, pillée, mais intacte. L'autre avait disparu, calcinée. A la place, devant la maison rescapée s'étend un vaste champ de lave, une épaisse coulée durcie qui a enseveli des dizaines d'autres petites habitations de Buhene, quartier populaire du nord du chef-lieu du Nord-Kivu.

Le 22 mai, l'éruption du Nyiragongo avait fait 32 morts, détruit plusieurs centaines de maisons et entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes. La plupart ont retrouvé leurs biens et pu reprendre leur vie d'avant, d'autres pas. "Ce qui s'est passé est naturel", déclare Edmond, petit homme fatigué aux habits trop grands, donnés par des voisins. Mais il en veut à ceux qui n'ont pas su prévenir la population à temps, ce qui aurait évité des morts et permis d'emporter quelques affaires.

Fractures sur le flanc du volcan

"Le volcan nous a surpris", reconnaît Adalbert Muhindo, directeur général de l'Observatoire volcanologique de Goma (OVG). De sa fenêtre, il peut voir le cône majestueux du Nyiragongo, à 15 km à vol d'oiseau, et le Nyamuragira, autre volcan dont l'OVG est chargé de surveiller l'activité. Pourtant, assure-t-il, les instruments de mesure fonctionnaient. "Dire qu'on n'avait pas de matériel, c'est faux", s'emporte-t-il, très fâché qu'on ait pu dire que le volcan n'était plus surveillé depuis des mois faute de moyens.

Dans un autre bâtiment de l'OVG, Honoré Ciraba, chef du département de géodésie (analyse des déformations du sol), montre avec passion dans son petit bureau les inclinomètres, GPS, extensomètres mécaniques et à rayon laser... Il parle des capteurs thermiques, magnétomètre à protons et autre pied à coulisse qui servent à mesurer les fractures sur le flanc du volcan, d'où est sortie la lave lors des trois éruptions du Nyiragongo, en 1977, 2002 puis 2021.

Signaux d'alerte

Si les coulées de lave lors de ces trois éruptions ont eu des trajectoires similaires, celle de 2021, à la différence des deux autres, n'a pas été précédée de tremblements de terre, qui sont arrivés après, souligne Adalbert Muhindo. Et les données collectées n'ont pas permis d'identifier un risque imminent d'éruption.

Certains scientifiques de l'OVG notent qu'une coupure d'internet d'octobre 2020 à avril 2021, due à la fin d'un financement de la Banque mondiale, a empêché pendant cette période une collecte en temps réel de données enregistrées par les capteurs placés sur le volcan, si bien que l'historique manquait quand des signaux d'alerte ont été perçus en mai.

La surveillance du volcan a été renforcée, du matériel supplémentaire a été reçu, "un laboratoire moderne va être construit" et Adalbert Muhindo prévoit d'accueillir en novembre une conférence internationale de volcanologues. "L'objectif est que notre observatoire travaille selon les standards internationaux". Pour surveiller, prévenir la population, mais aussi conseiller les autorités en matière d'occupation des sols.

Pas de risque zéro

"Il n'y a pas de risque zéro à Goma", aucun endroit de la ville de 2 millions d'habitants n'est sûr à 100% d'échapper à une prochaine éruption. En 2002, "énormément de choses avaient été ravagées, puis la population a reconstruit", constate le directeur. "On ne peut pas interdire à quelqu'un de courir un risque", dit-il.

Dans le quartier de Buhene, cinq mois après l'éruption, la couche de lave dégage encore de la chaleur par endroits. Des hommes, femmes et enfants chaussés de simples tongs en plastique ramassent de petits agrégats de lave pour les vendre comme matériau de construction, une activité devenue source de revenu pour les sinistrés du volcan.

Il est encore interdit de construire sur le champ de lave. Mais des murets se dressent déjà, n'attendant que le feu vert des autorités pour accueillir des maisons. Comme celle qu'Edmond et sa famille se promettent de bâtir, exactement là où se trouvait celle emportée par l'éruption.

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