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Ethiopie : des rebelles ont pillé de l'aide humanitaire, selon l'USAID

Ethiopie : des rebelles ont pillé de l'aide humanitaire, selon l'USAID
Des civils déchargent de la nourriture et des fournitures d'un camion, en Éthiopie, le 23 août 2021   -  
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EDUARDO SOTERAS/AFP or licensors

Ethiopie

Des rebelles tigréens ont pillé ces dernières semaines de l'aide humanitaire dans le Nord de l'Ethiopie, où s'est étendu le conflit dans la région du Tigré qui dure depuis près de dix mois, selon un responsable de l'agence américaine d'aide internationale (Usaid) dans le pays.

"Ces dernières semaines, certains de nos entrepôts ont été pillés et vidés par des troupes du TPLF qui progressent, et particulièrement en Amhara", une région voisine du Tigré, a déclaré mardi soir le chef de mission de l'Usaid en Ethiopie, Sean Jones, dans une interview à la chaîne de télévision nationale éthiopienne EBC. "Nous dénonçons les méfaits lorsque nous avons des faits pour appuyer nos propos. Dans ce cas, nous sommes certains d'avoir vu ces dernières semaines des soldats du TPLF vider certains des entrepôts", a-t-il insisté.

Le Nord de l'Ethiopie est le théâtre de violents combats depuis novembre, lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée dans la région du Tigré pour destituer les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Cette intervention répondait selon lui à des attaques contre des camps militaires fédéraux orchestrées par le TPLF.

Forces rebelles

Le prix Nobel de la Paix 2019 avait proclamé la victoire après la prise par les soldats éthiopiens de la capitale régionale Mekele, avec l'aide de l'Erythrée voisine, ennemi historique du TPLF, parti qui a été au pouvoir en Ethiopie durant trois décennies avant l'avènement d'Abiy Ahmed en avril 2018.

Mais le conflit s'est ensuite enlisé et fin juin, les forces rebelles ont repris le contrôle de l'essentiel du Tigré. Elles ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar afin de mettre fin à ce qu'elles décrivent comme un blocus humanitaire du Tigré et pour empêcher les forces progouvernementales de se regrouper.

"En Amhara, nous savons maintenant que chaque ville dans laquelle ils (le TPLF) sont allés, ils ont pillé les entrepôts, pillé les camions, causé beaucoup de destruction dans tous les villages qu'ils ont visités", a affirmé Sean Jones. Les représentants du TPLF n'ont pu être joints dans l'immédiat pour répondre à ces accusations.

Grave crise humanitaire

Les près de dix mois de conflit ont plongé le Nord de l'Ethiopie dans une grave crise humanitaire. Selon l'ONU, 400 000 personnes vivent dans des conditions de famine au Tigré. La propagation des combats aux régions de l'Afar et de l'Amhara a par ailleurs fait plus de 300 000 déplacés.

Selon Sean Jones, USAID fournit de l'aide alimentaire à cinq millions de personnes dans les trois régions du Tigré, de l'Amhara et de l'Afar. Autorités fédérales et rebelles tigréens se rejettent la responsabilité de la situation humanitaire dramatique, chaque camp accusant l'autre de vouloir affamer la population.

En avril, l'AFP avait consulté des documents du gouvernement éthiopien rapportant que des soldats érythréens bloquaient et pillaient de l'aide alimentaire au Tigré. Depuis plusieurs mois, agences et ONG déplorent régulièrement les difficultés à accéder aux populations civiles.

Jeudi, l'agence humanitaire des Nations unies (OCHA) a affirmé que les convois d'aide vers le Tigré étaient pratiquement arrêtés depuis le 20 août, aucun camion ne pouvant pénétrer dans la région. "Les stocks d'aide alimentaire sont épuisés et les nouvelles distributions de nourriture ont cessé, sauf dans les zones où les provisions étaient déjà en cours d'acheminement", a déclaré Ocha dans une note.

Aide humanitaire

Dans son bulletin hebdomadaire, l'ancien gouvernement du Tigré a déploré qu'"aucun des 1 100 camions d'aide qui auraient dû atteindre le Tigré" n'ait été autorisé à entrer depuis le 20 août et assuré que "le peu d'aide autorisé (...) avant le 20 août a fait l'objet d'un vol" par les forces progouvernementales dans la région de l'Afar.

La cheffe de l'Usaid, Samantha Power, a accusé le 19 août le gouvernement éthiopien de bloquer l'acheminement de l'aide humanitaire. Une porte-parole d'Abiy Ahmed avait démenti le lendemain, assurant que le gouvernement n'empêchait pas "volontairement" les convois d'aide d'entrer au Tigré, mais que la sécurité de ces convois restait une "priorité qui ne pouvait être compromise".

Le conflit a également endommagé plus de 7 000 écoles, selon le ministre éthiopien de l'Education, qui estime que 1,4 million d'élèves ne pourront suivre les cours dans les régions du Tigré, de l'Amhara et de l'Afar.

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