République démocratique du Congo
Une série de manifestations devrait avoir lieu sous peu en RDC contre l’utilisation de la machine à voter aux élections générales du 23 décembre prochain, annonce la Lutte pour le changement (LUCHA). Pour ce mouvement « citoyen », la machine à voter est synonyme de fraude au profit du pouvoir.
La machine à voter se présente sous la forme d’un écran tactile. Pour chacune des trois élections (présidentielle, législatives et provinciales), la photo des candidats apparaît sur l‘écran. L‘électeur choisit son candidat président, député national et/ou député provincial. À la fin du vote, la machine imprime les trois noms choisis au dos du bulletin de vote que l‘électeur va plier et glisser dans l’urne. À la fin des opérations de vote, la machine affiche les résultats (nombre d’inscrits, de votants, taux de participation, nombre de voix par candidats).
Pour le gouvernement, la machine ne saurait poser problème. « Avec ces machines à voter, le pays aura gagné en termes d’argent, de temps pour ne pas aller jusqu’en août 2019 avec des bulletins pré-imprimés utilisés en 2006 et en 2011 qui n’ont pas empêché que les élections soient traitées de catastrophiques. Le problème est donc ailleurs et pas avec ces machines à voter », a récemment déclaré Norbert Basengezi, vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Et « depuis avril 2018, 1 200 machines à voter sont à l’intérieur du pays dans le cadre de la sensibilisation des électeurs. Pendant 4 mois, aucune n’est tombée en panne », a ajouté Norbert Basengezi. Lequel a annoncé l’arrivée imminente de 70 000 autres machines en provenance de Corée du Sud où elles sont produites.
Des manifestations hypothétiques
Malheureusement, le gouvernement congolais peine à convaincre sur la fiabilité de ces machines à voter. « C’est en réalité une machine à frauder », expliquait récemment Jules Kazadi, un Congolais (Kinshasa) basé à Pointe-Noire, en République du Congo. Un sentiment qu’il n’est pas le seul à nourrir.
Première grande mobilisation citoyenne spécifiquement contre les machines à voter et pour la fiabilisation du fichier électoral: 3 septembre 2018. Marchons tous depuis nos quartiers vers les sièges de la CENI dans nos villes/territoires/cités. Assez parlé, agissons maintenant ! pic.twitter.com/baYLXxP69q
— LUCHA (@luchaRDC) 21 août 2018
En RDC, bien d’acteurs politiques de l’opposition et plusieurs acteurs de la société civile redoutent l’utilisation de la machine à voter lors des élections générales (présidentielle, législatives et provinciales) qui auront lieu le 23 décembre prochain.
Et face à cette « sourde oreille » de Kinshasa, la société civile réunie depuis le 14 août autour de la plate-forme « Élections en RDC » entend mener des manifestations contre ces dispositifs électroniques « jusqu‘à ce que le gouvernement y renonce ».
Des manifestations qui paraissent hypothétiques. Tant elles pourraient être interdites à l’image de celle de ce lundi 3 septembre qui a été prohibée par le maire de Kananga dans le Kasaï central. Si des observateurs crient à la violation d’un droit constitutionnel, Jean Mwamba Kantu Ka Njila n’a pas tardé à s’expliquer. « J’ai autorisé la marche, mais j’ai suivi à travers les radios ce dimanche matin que d’autres groupes s’apprêtaient à organiser des marches le même lundi pour soutenir la machine à voter. En vue d‘éviter d‘éventuels affrontements, j’interdis toutes les marches sur la ville », a dit l‘édile.
Or, qui dit intediction, dit répression. Et les conséquences sont parfois graves. Comme à Goma où, selon la LUCHA, l’on déplore déjà des blessés graves, lors de la répression ce lundi d’une marche contre la machine à voter.
#Goma: la police a arrêté la marche au niveau de l’ULPGL et littéralement frappé les manifestants pacifiques à l’aide de bâtons et de crosses d’armes. Au moins 5 graves graves viennent d’être admis à l’hôpital Heal Africa. Plus loin au siège de la CENI, la répression se poursuit pic.twitter.com/4gzCqPfzjh
— LUCHA (@luchaRDC) 3 septembre 2018
Le climat politique en RDC laisse entrevoir beaucoup d’incertitudes.
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