Gambie
La Gambie post-Jammeh a bien des défis devant elle. Un an après le départ de celui qui dirigea le pays 22 ans durant, les nouvelles autorités tentent de replacer la Gambie au banc des nations.
Jeudi 19 janvier 2017. Les forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest entrent en Gambie. Elles menacent d’en déloger le président sortant Yahya Jammeh qui refuse de céder le pouvoir. Plus tôt dans la journée, Adama Barrow, président élu de la Gambie se faisait investir à l’ambassade de la Gambie au Sénégal.
L’intervention semblait plus qu’imminente quand Jammeh accepta, deux jours plus tard, l’offre d’un exil en Guinée équatoriale, ouvrant ainsi la voie à un retour du président Adama Barrow en terre gambienne. Le départ, après 22 ans de règne, de l’ancien président Jammeh a sans doute ouvert une nouvelle ère pour le pays, s’accordent à dire les observateurs.
Pour beaucoup, la Gambie a ainsi refermé une page sombre de son histoire, et a pu finalement se soustraire d’un “régime de la peur” instauré par Yahya Jammeh avec ses arrestations arbitraires, ses disparitions forcées et ses exécutions extrajudiciaires.
“Les journalistes peuvent désormais faire librement leur travail et les défenseurs des droits humains peuvent mener à bien leur mission sans craindre d‘être persécutés. Le Gambien moyen jouit d’un grand nombre de droits et libertés fondamentaux auxquels il ne pouvait pas s’attendre sous le gouvernement précédent”, a déclaré le ministre de la Justice, Aboubacarr Tambadou, à l’Associated Press, évoquant un “ changement sismique “.
Toutefois, nuance-t-il, “rappelons-nous que la démocratie est un continuum … il faudra du temps pour reconstruire le pays”.
En effet, le nouveau régime affirme avoir hérité d’un pays presqu’en ruine : plus d’un milliard de dettes, isolement international, secteur touristique en berne, chômage des jeunes exponentiel.
D’importants efforts de réconciliation à faire
Dès son arrivée, Adama Barrow a voulu regagner la confiance des investisseurs en promettant justice et restructuration en profondeur des structures étatiques. La création d’une Commission vérité, réconciliation et réparation, la saisie de plusieurs actifs de Yahya Jammeh, le changement de nom de l’Agence nationale de renseignement, accusée d’assassinats et de détentions ordonnés par Jammeh … vont dans ce sens.
En retour, les partenaires financiers tels que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont accordé des prêts et autres assistances à la Gambie. L’Allemagne s’est par ailleurs engagée à aider la Gambie à résoudre sa crise énergétique, car les fréquentes pénuries d‘électricité entravent les efforts de développement.
Malgré tout, ces perspectives économiques restent lentes aux yeux de la population qui espérait voir plus vite le bout du tunnel après des années de disette.
Aussi des critiques de plus en plus pressantes encouragent le président Barrow à intégrer les partisans de son prédécesseur au processus de réconciliation. Encore qu’au sein de la coalition au pouvoir, des dissensions se sont fait sentir. “Il y a un besoin de dialogue national où les partis politiques, les groupes de la société civile, tous les secteurs de la société doivent intervenir et ensuite nous décidons de la marche à suivre”, suggère Sait Matty Jaw, professeur de sciences politiques à l’Université de Gambie.
Des débats auxquels Yahya Jammeh, reclus en Guinée équatoriale, n’a pas osé se mêler. Depuis son départ, la seule fois où il a été aperçu dans les médias, c‘était à l’occasion d’une de ses visites dans sa plantation sur sa terre d’exil.
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