Kenya
Les forces de sécurité kényanes de nouveau mises au banc des accusés, cette fois, par la Commission nationale indépendante des droits de l’homme du Kenya. Cette dernière accuse la police d’avoir commis des meurtres et abusé sexuellement de populations civiles lors de la crise électorale débutée en août.
Quatre-vingt-douze personnes ont été tuées au cours des troubles électoraux au Kenya. La plupart des victimes “ont été abattues” et les autorités doivent expliquer “comment les officiers sous leur commandement ont utilisé les munitions qui leur avaient été assignées”, s’insurge dans un rapport, la Commission nationale indépendante des droits de l’homme du Kenya.
L’organisme a par ailleurs documenté 86 cas de violences sexuelles basées sur le genre, exprimant à l’occasion son inquiétude sur l‘émergence de la violence sexuelle “en tant qu’arme de subjugation” lors de conflits politiques.
Bien avant ce rapport de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme du Kenya, c’est Human Rights Watch qui était monté au créneau, décrivant à son tour des violences sexuelles dans des bidonvilles de la capitale, Nairobi, et dans les bastions de l’opposition, à Kisumu et Bungoma.
“Certains ont été violés en présence des membres de leur famille, y compris de jeunes enfants”, indiquait le rapport. “La plupart des femmes ont dit qu’elles avaient été violées par des policiers ou des hommes en uniforme, dont beaucoup portaient des fusils, des matraques, du gaz lacrymogène, des fouets et portaient des casques et d’autres équipements anti-émeutes”, ajoute-t-elle.
Un pays polarisé sur des lignes ethniques
Raila Odinga, le chef de l’opposition a toujours accusé la police d’avoir tué des dizaines de ses partisans. Mais la police a toujours nié, tout comme le rapport de Human Right Watch.
Le Kenya a replongé dans les violences électorales lorsque l’opposition a dénoncé de profondes irrégularités, notamment dans la transmission des résultats lors du scrutin du 8 août. Cette crise politique avait paradoxalement donné lieu à une décision historique de la Cour suprême, le 1er septembre, qui a invalidé la présidentielle du 8 août.
Lors de la reprise du scrutin le 26 octobre, Raila Odinga a appelé à un boycott de ses partisans, estimant que la Commission électorale n’avait toujours pas été réformée comme souhaité.
L’investiture de M. Kenyatta – déclaré vainqueur avec plus de 98 % des voix pour 39 % de participation – pour un second et dernier mandat de cinq ans, signe la fin d’une saga électorale qui a profondément affecté l‘économie et souligné la fracture sociale et ethnique du pays.
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