Des détails effarants sur l'attaque de Mogadiscio et le rôle de l'armée

L’ombre se dissipe sur la meurtrière attaque à la bombe perpétrée à Mogadiscio samedi. Un responsable des renseignements somalien, sous couvert d’anonymat, a bien voulu confié à Associated Press quelques détails sur le déroulement de l’attaque.

Samedi matin, un camion poussiéreux roule sur une voie dans la banlieue de Mogadiscio, la capitale malienne. Le camion, couvert d’une énorme bâche, attire les soupçons des soldats en poste à un point de contrôle.

Ordre est donné au conducteur du camion de se garer et de sortir du véhicule. Acculé de questions sur sa direction et le contenu de son véhicule, le conducteur appelle un homme au téléphone et demande aux soldats de tenir la conversation avec l’homme au bout du fil. Ce dernier, visiblement bien connu de ces agents, s’est alors porté garant du camion. Le conducteur décrira plus tard, une attitude très amicale des militaires somaliens.

Ce point de contrôle passé haut la main, le conducteur continuera son trajet jusqu’au prochain point. Cette fois, il ne s’arrêtera, même quand l’ordre lui est donné de le faire. Les militaires présents à ce poste ouvrent alors le feu sur le camion suspect et lui crèvent un pneu.

Visiblement pas assez pour stopper le chauffeur fou qui poursuit sa route jusque sur une route très fréquentée dans le centre de Mogadiscio. Une fois sur ce tronçon, il fait exploser son camion. Entre 600 kilogrammes et 800 kilogrammes de charges explosives. La suite, on la connaît, plus de 300 morts et environ 400 blessés.

Des ambassades étrangères visées

Pourtant, à en croire la source de l’Associated Press, cette rue de Mogadiscio n‘était pas la cible de l’attentat. Le camionneur avait ordre de faire exploser sa charge explosive dans le secteur de l’aéroport, siège de nombreuses ambassades internationales.

Le conducteur a probablement décidé de faire exploser son camion dans la rue pour éviter les nombreux postes de contrôle qui se trouvaient encore devant lui, a indiqué le responsable du renseignement somalien.

Quelques heures après l’attaque, des interrogations avaient été soulevées, notamment sur la cible réelle de l’attentat, les failles sécuritaires qui auraient pu le favoriser et le silence sur la revendication.

Pour le gouvernement somalien, cependant, il ne fait aucun doute que l’attaque porte la signature d’Al-Shabab, qui sévit dans le pays depuis des années. Une grille d’analyse appuyée par des experts de la Somalie qui précise cependant que si le groupe ultra-radical n’a pas revendiqué l’attentat, c’est pour éviter de porter la responsabilité d’un si grand nombre de victimes.