Kenya
Depuis le 25 juin, le Kenya est en proie à une vague de manifestations antigouvernementales d’une rare intensité. Le mouvement, déclenché par la mort en garde à vue d’un blogueur engagé, a rapidement dégénéré en affrontements violents à travers le pays. En deux semaines, au moins cinquante personnes ont été tuées et plus de cinq cents manifestants arrêtés.
Face à cette situation explosive, le président William Ruto a choisi la fermeté, promettant de « rétablir l’ordre » par tous les moyens : "Ce pays ne sera pas détruit par une poignée d’individus impatients qui cherchent à changer de gouvernement par des moyens inconstitutionnels. Cela n’arrivera pas", a-t-il déclaré.
Le point culminant de la contestation a eu lieu le 7 juillet, jour symbolique du Saba Saba, en mémoire du soulèvement pro-démocratie de 1990. À l’occasion de cette journée de mobilisation nationale, la répression a été particulièrement violente : 31 personnes ont été tuées, 107 blessées, selon la Commission nationale des droits de l’homme (KNCHR).
Malgré ce bilan dramatique, William Ruto a maintenu un discours inflexible, accusant certains leaders politiques d’exploiter la colère populaire à des fins partisanes. Il appelle les forces de sécurité à agir avec fermeté, au nom de la stabilité nationale.
"Appelez-moi comme vous voulez, mais je veillerai à garantir la paix et la stabilité au Kenya, par tous les moyens. Ce vandalisme va cesser. Un citoyen travaille durant des années, puis un politicien... pour qu'une personne stupide organise des manifestations afin de tout détruire… Et on appelle cela de la politique ? Quelle politique ?", a lancé le président dans un ton mêlant colère et défi.
En parallèle, des voix s’élèvent pour dénoncer la brutalité de la répression. Plusieurs organisations de la société civile, ainsi que les Nations Unies, appellent le gouvernement à respecter les droits fondamentaux. Cinq policiers ont déjà été inculpés pour leur implication présumée dans la mort de civils. D’autres enquêtes sont en cours.
Le climat politique au Kenya reste particulièrement tendu. Derrière les manifestations se cache une profonde fracture sociale et politique, alimentée par des années de frustrations, de chômage des jeunes, de corruption et d’austérité économique.
Si le président Ruto se veut le garant de l’ordre, ses propos musclés et sa stratégie répressive pourraient aggraver la colère populaire, au lieu de l’apaiser. Les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir du pays, alors que l’opposition promet de poursuivre la mobilisation.
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