Liban
La guerre de 14 mois entre Israël et le Hezbollah au Liban a exacerbé une crise déjà dramatique pour les milliers de travailleurs migrants africains.
Venus chercher une vie meilleure, beaucoup se retrouvent aujourd'hui dans des situations d'exploitation, de violences et d'insécurité. Parmi eux, Isatta Bah, une Sierra-Léonaise de 24 ans, qui lutte pour rentrer chez elle après avoir survécu à des abus effroyables.
Arrivée au Liban en 2022 avec l’espoir d’un emploi stable, Isatta a rapidement déchanté. Elle a été envoyée comme domestique au lieu du travail promis, et son séjour a basculé dans l’horreur lorsqu’elle a été victime d’un viol collectif. « Depuis que je suis arrivée ici, j'ai souffert. Cela n'a pas été facile », raconte-t-elle. Isatta espère aujourd’hui obtenir les papiers nécessaires pour rentrer en Sierra Leone avec son enfant, né des agressions qu’elle a subies.
Le système Kafala, qui régit le travail des migrants au Liban, a souvent été dénoncé par les ONG. Il confisque les passeports et limite drastiquement les droits des travailleurs migrants. Selon Dea Hajj Shaheen, militante et fondatrice d’un refuge pour migrantes, ce système « traite [ces femmes] comme des êtres humains de seconde zone », les rendant vulnérables à l’exploitation et aux abus.
Face à l’intensification des bombardements en septembre, Isatta et d’autres femmes ont fui les quartiers touchés à pied, avec leurs enfants. Beaucoup se sont réfugiées dans un abri improvisé, un ancien garage transformé en refuge par des bénévoles. Plus de 200 femmes y survivent dans des conditions rudimentaires, mais avec l’espoir de retrouver leur liberté.
L’espoir du retour
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 10 000 migrants ont demandé à être rapatriés, mais seulement 400 ont pu rentrer chez eux à ce jour. Susan Baimba, une autre Sierra-Léonaise, a récemment embarqué sur un vol de retour. « Je suis très heureuse, parce que ma maison est meilleure que ce pays », dit-elle avec émotion.
Isatta attend toujours son tour, avec l’aide d’un avocat de l’OIM qui lui permet de contourner les exigences administratives pour son enfant. Son rêve ? Retrouver sa famille et reprendre ses études en informatique. « Je suis fatiguée. Je veux juste rentrer chez moi », confie-t-elle.
Alors que le Liban peine à se relever de ses propres crises économiques et politiques, la situation des migrants reste critique. Ces derniers, coincés entre un système d’exploitation et des conflits armés, ne peuvent compter que sur une solidarité internationale insuffisante pour retrouver leur dignité et un avenir.
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