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Ethiopie : Facebook supprime un post d'Abiy Ahmed pour incitation à la violence

Ethiopie : Facebook supprime un post d'Abiy Ahmed pour incitation à la violence
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KIRILL KUDRYAVTSEV/AFP or licensors

Ethiopie

Facebook déclare avoir supprimé un message du Premier ministre éthiopien exhortant à se soulever et "enterrer" les forces du Tigré, un an après le début du conflit.

"La publication du Premier ministre Abiy Ahmed, dimanche, a enfreint les politiques de la plateforme contre l'incitation et le soutien à la violence", a déclaré Emily Cain, porte-parole de Meta, la société mère de Facebook. Une publication qui a été retirée mardi matin. "L'obligation de mourir pour l'Éthiopie appartient à chacun d'entre nous", déclarait Abiy Ahmed dans son "post" désormais supprimé, appelant les Ethiopiens à se mobiliser "en détenant n'importe quelle arme ou capacité."

Le Nobel de la Paix 2019 continue de poster régulièrement sur la plateforme, où il compte 3,5 millions de "followers". Les États-Unis et d'autres pays ont mis en garde l'Éthiopie contre une "rhétorique déshumanisante" après que le Premier ministre a qualifié les forces du Tigré de "cancer" et de "mauvaises herbes" dans des commentaires en juillet. Facebook a déjà supprimé des publications de dirigeants mondiaux, mais dans de rares circonstances.

Fake news

Plus tôt cette année, la société a supprimé une vidéo du président américain Donald Trump dans laquelle il colportait de fausses allégations de fraude électorale à la suite d'une échauffourée meurtrière au Capitole américain. Facebook avait déclaré à l'époque que la vidéo contribuait au "risque de violence en cours". La semaine dernière, la plateforme a supprimé une émission en direct du président brésilien Jair Bolsonaro, pour de fausses déclarations sur les vaccins contre la Covid-19.

Les forces du Tigré ont pris le contrôle de villes clés au cours du week-end, ce qui les a mis en position de descendre une autoroute majeure vers la capitale Addis-Abeba. Alarmé, le gouvernement fédéral a décrété un Etat d'urgence national, avec des pouvoirs étendus de détention et de conscription militaire.

Messages viraux

Le Premier ministre devait ainsi réitérer son appel à "enterrer" les forces du Tigré dans des commentaires publics mercredi. Les réseaux sociaux éthiopiens, très polarisés, ont vu cette semaine un certain nombre de messages virauxvisant les Tigréens et suggérant même qu'ils soient placés dans des camps de concentration.

Des milliers de personnes ont été tuées dans la guerre entre les forces éthiopiennes et alliées et les Tigréens qui ont longtemps dominé le gouvernement national avant l'arrivée d'Abiy Ahmed au pouvoir. L'ONU a déclaré mercredi avoir reçu des informations de rafles de milliers de Tigréens ces derniers mois.

"Impact destructeur"

Le mois dernier, Frances Haugen, ancienne chef de produit de Facebook devenue **lanceuse d'alert****e**, a désigné l'Éthiopie comme un exemple de ce qu'elle appelle "l'impact destructeur" de la plateforme. "Ma crainte est que sans action, les comportements diviseurs et extrémistes que nous voyons aujourd'hui ne sont que le début", a-t-elle déclaré à la sous-commission sénatoriale de protection des consommateurs. "Ce que nous avons vu au Myanmar et que nous voyons en Éthiopie ne sont que les premiers chapitres d'une histoire si terrifiante que personne ne veut en lire la fin."

La porte-parole de Meta, Emily Cain, a refusé de dévoiler le nombre d'employés dédiés à la détection des discours violents en Éthiopie, avançant que Facebook avait la capacité d'examiner les messages en somali, amharique, oromo et tigrinya. Elle a également indiqué que l'entreprise comprenait des personnes originaires d'Éthiopie ou ayant séjourné dans le pays.

Modération en tigrinya

Berhan Taye, un chercheuse en droits numériques basé au Kenya, qui suit les médias sociaux en Éthiopie et transmet régulièrement des messages douteux à Facebook, a déclaré la semaine dernière que celle-ci n'effectuait pas de modération en tigrinya, la langue des Tigréens, et ce jusqu'en avril.

Dans l'ensemble, en Éthiopie, "si vous signalez (des publications) sur la plateforme, il est très probable que vous ne receviez aucune réponse", soutient Berhan Taye. "D'après le nombre de remontées que nous faisons, et le nombre de réponses que nous recevons, cela vous dit que leur système interne est vraiment limité."

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