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Inspire Africa

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Les championnes du développement au Sahel [Inspire Africa]

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Cet épisode d'Inspire Africa est produit en partenariat avec le projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD).

Au sommaire de cet épisode :

  • Nous évoquons les histoires de femmes entrepreneures, leaders et actrices qui font bouger les lignes pour l'autonomisation des femmes. D'abord au Tchad avec Baba Sultan Brahim, puis au Niger avec Hassane Zouera.
  • Nous parlons également d'éducation des filles et de leadership féminin avec Ousmane Kane, le ministre des Affaires économiques et des secteurs productifs de Mauritanie, qui préside également le comité de pilotage régional du projet SWEDD.
  • Pour finir, nous nous rendons au Bénin, où les microcrédits pour femmes contribuent à changer des vies, pour un entretien avec Véronique Tognifode, la ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance.

Investir dans les femmes et les filles est l'un des moyens les plus efficaces d'accroître l'égalité et de promouvoir une croissance économique durable et inclusive, selon le projet d'Autonomisation des femmes du Sahel et dividende démographique (SWEDD).

Les investissements dans les programmes destinés aux femmes et aux filles ont des retombées importantes sur le développement, car les femmes consacrent généralement une plus grande partie de leurs revenus que les hommes à la santé, à l'éducation et au bien-être de leur famille et de leur communauté.

SWEDD est une initiative régionale qui réunit neuf pays d'Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Côte d'Ivoire, Guinée, Mauritanie, Mali et Niger) dans le but "d'accélérer la transition démographique, de réduire les inégalités entre les sexes et de promouvoir le développement au Sahel grâce à l'autonomisation des femmes et des filles".

Le projet SWEDD vient de lancer l'édition 2021 de la campagne "Stronger Together" sur le thème de "l'éducation des filles et le leadership des femmes". L'un des objectifs est de lier l'éducation des filles au développement dans les pays du Sahel. Cette campagne met l'accent sur le maintien des filles à l'école, l'accès à la formation, à l'emploi et aux opportunités économiques et aux instances de décision, l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive et à l'hygiène menstruelle, la lutte contre les violences sexistes et les pratiques néfastes.

Mariage forcé

Baba Sultan Brahim est la présidente de l’Union des groupements des Femmes de Mani, qui bénéficie d'appuis multiformes du projet SWEDD : tracteurs, motopompes, semences, pièces de rechanges, moulins à mil, etc.

Mariée de force à l'âge de 14 ans, ce qui lui a ôté beaucoup de libertés et de rêves, elle n'a cependant pas baissé les bras. Aujourd'hui, elle est la fondatrice d'un groupe de femmes qui contribue à l'autonomisation des femmes de sa communauté et de tout le Tchad.

Prix de l'ONU

Hassane Haousseize Zouera est commissaire de police, cheffe de la division de la Protection des mineurs et des femmes. La Nigérienne est lauréate individuel du Prix des Nations Unies pour la Population 2021, qui honore un individu et une institution pour leurs contributions exceptionnelles à la population, au développement et à la santé reproductive, Elle est reconnue comme un leader dans la lutte contre les violences sexistes et pour sa contribution à faire du Niger un endroit plus sûr pour les femmes et les filles.

Entretien avec Ousmane Kane

Ousmane Kane, le ministre des affaires économiques et des secteurs productifs de Mauritanie, préside également le comité de pilotage régional du projet SWEDD. Pourquoi l'éducation des filles et le renforcement du leadership des femmes au Sahel sont-ils des points clés de la campagne "Stronger Together" de cette année ?

L'éducation est le chemin que doit parcourir chaque individu, chaque enfant, garçon ou fille. Au Sahel, les filles ont un handicap historique. Nous devons donc lutter contre cela. Pour les jeunes filles, l'éducation est la base. Des progrès ont été réalisés depuis la conférence de Pékin en 1995, mais nous savons que les filles en Afrique et au Sahel en particulier, sont considérablement en retard en matière d'éducation ou de leadership. Il appartient au projet SWEDD d'en faire une priorité car c'est ainsi qu'elles acquerront leurs droits.

Face à la crise sanitaire actuelle, que fait le projet SWEDD pour aider les femmes et les filles à faire face à la pandémie ?

Tout d'abord, en accompagnant les Etats dans leurs efforts pour soutenir les populations en général. Le projet SWEDD doit notamment insister sur les actions à mener pour amener les enfants et les jeunes filles à se protéger avec la distribution de kits, avec une sensibilisation ciblée sur ces jeunes filles. Il s'agit donc de les protéger davantage. Je dois dire que contrairement à d'autres régions du monde, malgré la pandémie, le pays n'est pas en reste.

Contrairement à d'autres régions du monde, malgré la pandémie, le Sahel n'a pas été trop touché par la violence, par la violence basée sur le genre, contre les jeunes filles. Mais c'est une mission du projet SWEDD : protéger les enfants.

Quel est votre rêve et votre objectif ultime pour l'éducation des filles et le leadership féminin ?

Je rêve, comme vous, et comme tout citoyen africain, de voir nos sœurs, nos filles, nos petits-enfants recouvrer leurs droits, s'épanouir, être bien éduquées, occuper les fonctions qu'elles méritent dans la société, dans n'importe quel domaine : économique, social ou politique.

Entretien avec Véronique Tognifode

En tant que femme ministre, vous incarnez le leadership féminin dans des domaines clés pour l'émancipation des femmes : les affaires sociales et la micro-finance. En quoi cela fait-il une différence pour les femmes et les filles ?

J'ai un engagement personnel et professionnel en faveur de l'autonomisation et du leadership des femmes, et je pense qu'il est important pour les jeunes générations d'avoir des modèles inspirants. Les modèles jouent un rôle important dans notre façon de voir les choses et peuvent aider à déconstruire les clichés et les stéréotypes qui tendent à perpétuer les normes sociales et inégalitaires dans notre société.

La toute première chose que j'ai faite dans mon département a été de déployer la campagne Agbazasche, qui signifie :"Mon corps, je dois en prendre soin". Elle nous permet d'aller dans plusieurs écoles, de rencontrer des jeunes filles et des adolescentes pour dialoguer avec elles ou les encourager à développer leur estime de soi.

Adopter des comportements responsables en identifiant les risques, fuir les solutions faciles qui sont éphémères et surtout, les exhorter et les encourager à croire en toutes les chances de réussite avec du travail et de la détermination.

Autonomisation économique

Comment le microcrédit pour les femmes change-t-il la situation de la communauté et de la nation entière ?

Des études ont montré que l'autonomisation économique des femmes est fondamentale pour réduire la pauvreté et constitue une condition préalable au développement durable, car les femmes sont au cœur de tout projet de développement. Investir dans l'autonomisation économique des femmes est le chemin le plus sûr vers l'égalité des sexes et l'éradication de la pauvreté. Puis la croissance économique inclusive.

Le microcrédit est un crédit d'apprentissage pour contribuer à l'autonomisation économique des personnes défavorisées, par le développement d'activités génératrices de revenus et par le renforcement des capacités financières des femmes, et surtout leur inclusion financière. Avec le microcrédit, nous pouvons promouvoir leur développement personnel et leur permettre d'accroître leur participation à la vie sociale.

Une évaluation des anciens programmes a montré que l'accès au crédit contribue de manière significative à l'amélioration des conditions de vie des ménages en augmentant leurs sources de revenus.

Programme de microcrédit

"Peu d'argent mais grands changements" : c'est ainsi que l'on résume souvent la microfinance. Que faites-vous au Bénin pour faciliter l'accès des femmes au microcrédit ?

Le gouvernement du Bénin a fait de la question de l'accès des femmes au microcrédit une véritable priorité. A cet effet, plusieurs programmes et réformes ont déjà été initiés et la question de l'identification a été fondamentale, non seulement pour avoir accès aux services de base, mais aussi pour obtenir des crédits. Des mesures ont été prises pour réduire les coûts de délivrance des titres fonciers, qui ont été dématérialisés afin de permettre l'amélioration de l'environnement des affaires et des conditions de crédit.

Pour les femmes spécifiquement, un programme de microcrédit a été lancé pour aider les femmes défavorisées à démarrer ou à renforcer leurs activités. Il s'agit par exemple du microcrédit ALAFIA. Il vise à leur accorder des crédits compris entre 30 et 50 000 francs CFA, soit environ 100 dollars. Le programme est financé à hauteur de dix milliards de francs CFA par an par l'État et s'accompagne d'une grande campagne d'éducation financière qui est très importante.

En moins de neuf mois, le programme a touché plus de 100 000 bénéficiaires, dont la majorité sont, bien sûr, des femmes. Ce même programme a permis de délivrer des documents d'identification biométriques à plus de 30 000 femmes pour leur permettre d'accéder à d'autres services essentiels.