Ethiopie
Près d’un an après le début du conflit, le Tigré, région reculée de l'Éthiopie au poids culturel, économique et politique considérable continue de faire la une de l'actualité africaine. L'instabilité dure depuis près de huit mois, mais que savons-nous réellement de la région ?
Alors que les forces loyales aux autorités dissidentes de la région mènent une offensive contre l'armée éthiopienne, le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé une opération militaire en novembre pour renverser les autorités locales, qui font partie du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
La situation géographique de la region
La région du Tigré est située à l'extrême nord de l'Éthiopie dans les hauts plateaux montagneux de basses plaines, à plus de 600 kilomètres d'Addis-Abeba, la capitale fédérale. Elle fait partie des dix régions administratives de l'Éthiopie, divisée selon un système de "fédéralisme ethnique". La majorité de la population est tigréenne, une minorité ethnique d'environ six millions de personnes, soit moins de six pour cent des 110 millions d'Éthiopiens.
À sa frontière sud, le Tigré jouxte la région éthiopienne d'Amhara, qui a envoyé des forces régionales dans la région lorsque l'opération militaire a commencé il y a près de huit mois. La région est bordée au nord par l'Érythrée, son ennemi de longue date, dont les troupes sont également impliquées dans le conflit.
Joyau culturel, centre économique
Le Tigré a joué un rôle majeur dans l'histoire de l'Éthiopie, notamment dans son histoire religieuse, et constitue une destination touristique majeure. Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la ville d'Axoum était le cœur de l'Éthiopie antique, dont le puissant royaume du même nom (1er-9e siècles) a été christianisé par l'Église égyptienne au 4e siècle. Aujourd'hui, Axoum est un lieu sacré pour les chrétiens orthodoxes d'Éthiopie, où l'empereur Ménélik Ier aurait ramené de Jérusalem la fameuse Arche d'Alliance, un coffre contenant les tables de la Loi.
Fin novembre dernier, des soldats érythréens ont massacré plus d'une centaine de civils à Axoum, parmis les victimes, des croyants réunis pour une fête religieuse. Le massacre, qui a été confirmé par le biais de récits et de témoignages de survivants, ainsi que par satellite, constituent un élément de l'enquête sur les éventuels crimes de guerre qui auraient été commis dans le cadre du conflit.
La région abrite également des dizaines d'églises séculaires taillées dans la roche au sommet d'affleurements rocheux parfois spectaculaires, ainsi que la mosquée Al-Nejashi, lieu de pèlerinage pour les musulmans, qui a été endommagée pendant le conflit.
Région principalement agricole, le Tigré abrite également des industries d'importance nationale, bien que des sites clés, comme Almeda Textiles, l'une des plus grandes usines textiles du pays, auraient été pillés par les troupes érythréennes, selon des sources de l'AFP. Toutefois cela offre un aperçu de l'importance de la région pour l'Éthiopie.
Le pouvoir politique et militaire
Trois semaines après le début de l'opération militaire, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a dirigé la région jusqu'à la chute de la capitale régionale Mekele le 28 novembre. Grâce à ce parti, le Tigré a dominé les structures politiques et sécuritaires de l'Éthiopie pendant près de 30 ans, entre 1991 -quand il a renversé le régime militaro-marxiste du Derg- et 2018 -quand le Premier ministre Abiy Ahmed a pris le pouvoir.
Par la suite, ses dirigeants ont été progressivement écartés des postes de direction à Addis-Abeba et sont effectivement passés dans l'opposition, réduisant l'influence politique du TPLF à l'échelle nationale. Depuis fin novembre, la plupart de ses dirigeants sont en fuite et les combats se poursuivent.
Aux alentours du lundi 21 juin, alors que la majeure partie du reste de l'Éthiopie organisait des élections nationales très attendues, les forces pro-TPLF, qui se font appeler les Forces de défense du Tigré (TDF), ont lancé une offensive majeure. Quelques jours plus tard, elles sont entrées dans Mekele, qui avait été désertée plus tôt dans la journée par les troupes fédérales et l'administration intérimaire, déclenchant des scènes de liesse dans ce bastion historique du TPLF.
Apres l’attaque, l'ancien gouvernement du TPLF a déclaré que Mekele était sous son contrôle et a appelé son "peuple" à chasser "les ennemis" du Tigré. À la surprise générale, les autorités d'Addis-Abeba ont annoncé mardi 29 juin un cessez-le-feu visant, selon elles, à faire parvenir l'aide humanitaire au Tigré.
Dans le contexte socio-politique actuel de l'Éthiopie, cette région retrouvera-t-elle un jour sa gloire d’antan ?
Alors que la question de savoir quelle est la prochaine étape pour le Tigré est toujours au centre des préoccupations, la situation ne s’améliore pas dans la région.
Aller à la video
Guerre en Ukraine : des drones russes assemblés par des Africaines
00:59
ONU : la RDC parmi les 5 pays africains au Conseil des droits de l’Homme
11:05
Éthiopie : l’électromobilité, révolution ou illusion ? [Business Africa]
00:58
Razzia des Éthiopiens au marathon de Berlin
01:08
ONU : la Somalie accuse l'Ethiopie de violer sa souveraineté
01:00
Arrêt sur images du 27 septembre 2024