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Nigéria : les défis sécuritaires qui attendent les nouveaux généraux

Nigéria : les défis sécuritaires qui attendent les nouveaux généraux
Des soldats nigérians établissant un poste de point de contrôle dans la ville de Gwoza, en 2015.   -  
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Lekan Oyekanmi/AP

Nigéria

De la stratégie face aux groupes djihadistes à la sécurité des eaux nigérianes, les nouveaux promus font face à des défis de taille.

La nomination de nouveaux chefs de l'armée au Nigeria était espérée depuis longtemps au Nigéria. Ces derniers mois, le géant de l'Afrique de l'Ouest a du faire face à une grave détérioration de la situation sécuritaire. Les attaques des groupes djihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) se sont multipliées dans les États de Yobe et de Borno, au Nord du Nigéria. Déployées face aux groupes terroristes, les forces de sécurité ont aussi du se consacrer à la lutte contre le pillage de bétail et les enlèvements, comme récemment à Kankara, où le "gang de Shekau" avait kidnappé 340 élèves dans l'Etat de Katsina, région d'origine du président nigérian Muhammadu Buhari.

De nombreuses critiques avaient jailli au lendemain de leur enlèvement, certains pointant du doigt une mauvaise stratégie de l’armée nigériane dans sa lutte contre les groupes armés. Sous-financée et sous pression dans les quatre coins du pays, l'armée doit faire face à des problèmes de taille sur plusieurs fronts.

Une stratégie anti-djihadiste remise en question

S'ils ne vont pas modifier la donne dans l'immédiat, les changements au sommet de la hiérarchie militaire constituent toutefois une première étape importante, selon Bulama Bukari, analyste au Tony Blair Institute for Global Change.

"On a vu les troupes sur le terrain perdre confiance en leur commandement, et les Nigérians de manière globale eux aussi... Dans une guerre, le moral des troupes, et le soutien de l'opinion publique sont au moins aussi importants que les combats", souligne l'analyste.

La nouvelle a d'ailleurs été accueillie avec soulagement à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno au nord-est du Nigéria, foyer de la rébellion djihadiste depuis 2009. "Je pense sincèrement que les chefs de service sortants ont fait de leur mieux. Mais parfois faire de son mieux n’est pas assez. Nous ne sommes pas des experts en sécurité, mais nous savons qu'ils ont échoué", explique Ummate Abubakar, un nigérian forcé par les combats de fuir vers la capitale de l'Etat.

Le président nigérian Muhammadu Buhari avait été élu en 2015 sur la promesse d'écraser cette rébellion djihadiste qui a fait plus de 36 000 morts et deux millions de déplacés. Mais six ans plus tard, les groupes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) contrôlent toujours de vastes zones rurales ainsi que des routes stratégiques, où les attaques et enlèvements de soldats, civils et membres d'ONG se multiplient.

En 2019, l'armée avait adopté la "stratégie des super camps", visant à réduire le nombre de petites bases pour en privilégier de plus grandes, mieux protégées. Une décision qui apparaît aujourd'hui peu convaincante pour de nombreux nigérians, après la récente prise de la base de Marte, dans le nord-est du pays. Si depuis l'armée nigériane a repris le contrôle de sa base militaire, le symbole reste. "L'armée voulait réduire le nombre de victimes militaires mais ça a donné aux insurgés plus de liberté de mouvement", analyse Bulama Bukarti.

La piraterie, menace pour l'économie nigériane

Mais le danger ne se limite pas qu'aux états du Nord. Celui-ci s'est également étendu aux eaux et côtes nigérianes, où les groupes criminels s'attaquent aux navires de transports et exigent des rançons en échange des marins retenus en otages.

Grand oublié de la couverture de la détérioration de la situation sécuritaire du Nigéria, le golfe de Guinée, qui baigne le Nigeria, compte pour près de 95 % des enlèvements en mer recensés dans le monde en 2020, selon le Bureau maritime international (BMI). Selon un rapport du Centre d’Information Maritime, un pôle d’expertise français, 114 actes de piraterie ont été enregistrés en 2020.

"Le Nigeria va devoir faire des choix majeurs sur ses priorités stratégiques", explique à l'AFP Munro Anderson, de la société de gestion du risque maritime Dryad Global. "Avec 80% du commerce nigérian passant par la voie maritime, le Nigeria est confronté à un choix difficile entre la sécurisation des routes commerciales qui lui sont vitales et la sécurisation de son bastion politique dans le Nord", estime-t-il.

La sécurisation des eaux nigérianes est d'autant plus cruciale que les super tankers transportant le pétrole nigérian, une ressource cruciale pour la plus grosse économie de l'Afrique de l'Ouest. Et avec les nombreux actes de piraterie important, ce sont de potentiels investissements supplémentaires dont le Nigéria est privé.

La menace d'une augmentation des violences au sud-ouest ?

Dans les six états du sud-ouest du Nigéria, la colère des agriculteurs grondent. Ces derniers accusent depuis les trois dernières années les gardiens de troupeaux Fulani de s'aventurer sur leurs terres. Trois ans que la colère gronde dans le sud-ouest du Nigéria, pourtant considérablement plus paisible lorsque comparé au nord-est ou au sud-est du pays.

Mi-Janvier, le gouverneur de l'Etat d'Ondo Rotimi Akeredolu a lancé un ultimatum auxéleveurs, leurs donnant sept jours pour quitter les forêts de l'Etat du sud-ouest. Une décision controversée qui a sucité une réaction très forte parmis les défenseurs des droits de la communauté Fulani. Par le passé, les affrontements entre agriculteurs et éleveurs a fait plusieurs milliers de morts dans d'autres régions du Nigéria.

Aujourd'hui, la nouvelle montée des tensions fait craindre l'apparition d'une nouvelle insécurité dans les états du sud-ouest du pays. Ce serait un nouveau problème de taille pour les forces armées nigériannes, qui ne parviennent que difficilement à résoudre les problèmes d'insécurité dans le reste du pays.

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