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En Tunisie, le défi de la désinformation numérique

Des journalistes de la télévision publique Wataniya.   -  
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Tunisie

C'est devenu un enjeu de taille pour les médias tunisiens. Dix ans sont passé depuis la fuite du président Ben Ali en janvier 2011, suite à la "révolution de jasmin", et les fausses informations continuent de polluer les réseaux sociaux tunisiens. Sous le régime de l'ancien président, le contrôle du pouvoir sur les médias traditionnels avait favorisé un essor des rumeurs. Pour la chaîne de télévision publique Watanyia, la transition a été source de changement.

"On est passé de la phase de média gouvernemental vers un média public maintenant. On tend à consolider notre expérience dans cette nouvelle approche qui est vraiment nouvelle pour les journalistes, pour le directeur, pour les rédacteurs en chef. Donc c'est la phase maintenant de la stabilité" explique Najeh Missaoui, rédacteur en chef de la chaîne.

Blogueurs douteux et riposte des pouvoirs en place face aux cyberdissidents : l'espace numérique est vite devenu un champ de bataille lors du Printemps arabe de 2011, inaugurant l'ère des grandes "infox" sur le net et fragilisant les militants de la région.

Après la fuite du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, "la nuit a été horrible, traumatisante", se souvient Houeida Anaouar, ex-militante en ligne. Rumeurs de viols en série, de meurtres: "le cocktail d'inconnu et d'intox a créé une situation de panique et d'hystérie", raconte-t-elle à l'AFP.

Aux fausses informations diffusées par des médias sous le joug de régimes en déroute, s'ajoutait soudainement la désinformation polluant le net, pourtant perçu jusque-là comme un refuge contre la censure et la propagande.

Pour le journaliste et chercheur Hakim Beltifa, les contextes nationaux étaient "propices à la propagation des fausses nouvelles". "Les fake news se nourrissaient de la méfiance" à l'égard des médias traditionnels contrôlés par les Etats arabes "qui occultaient (...) la réalité et maintenaient le peuple dans l'opacité et l'ignorance", écrit-il dans un article publié dans le magazine The Conversation.

Avec le Printemps Arabe, le nombre de fausses informations véhiculées par des sites indépendants avait explosé, porté par un rejet des médias traditionnels. Mais des médias d'opposition ont su profiter du changement de régime pour produire une information plus juste, tout en continuant à traiter les sujets qui les anime.

"Avant la révolution, on était des infos-activistes contre principalement la dictature, mais spécialement contre la censure de Ben Ali. Après la révolution, on est devenu un média engagé aux causes que l'on défendait avant, les libertés civiques et les droits de l'homme", explique Sami Ben Gharbia, co-fondateur du site d'actualité Nawaat.

"Nous pouvons traiter des sujets qui fâchent, des sujets comme la justice transitionnelle, comme le suivi des mouvements contestataires et des mouvements sociaux, la dénonciation de certaines industries sur l'environnement, mais également la dénonciation toujours des abus policiers, de la répression policière..." ajoute Thameur Mekki, le rédacteur en chef du site d'information tunisien.

Malgré une prolifération massive d'informations et d'images qui n'ont fait qu'amplifier le phénomène des infox, le combat pour une information plus exacte continue en Tunisie.

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