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Cacao : comment ça marche ?

Cacao : comment ça marche ?

Côte d'Ivoire

Le Ghana et la Côte d’Ivoire, les deux principaux producteurs de cacao au monde, ont annoncé mercredi qu’ils suspendaient les ventes de fèves jusqu‘à l’instauration d’un prix minimum. Qui produit, achète, vend du cacao ? A quel prix ? Un prix minimum pourra-t-il améliorer le sort des producteurs ?

Qui le produit, combien ça coûte ?

Vingt deux pays sont membres de l’Organisation internationale du Cacao (ICCO). Parmi eux, le Ghana et la Côte d’Ivoire fournissent à eux seuls près des deux tiers de la production mondiale. Ainsi, selon les prévisions de l’ICCO, pour la saison 2018-2019, la Côte d’Ivoire devrait produire 2,150 millions de tonnes de cacao, et le Ghana 900.000, pour une production mondiale de 4,834 millions de tonnes.

Ces deux pays ont essayé a plusieurs reprises de maintenir des prix fixes pour les producteurs. Le Ghana a ainsi, lors de la vertigineuse chute des prix du cacao en 2016, maintenu le prix d’achat à ses producteurs, payant de sa poche la différence.

Avec des prix dépassant les 2.800 dollars ces dernières années sur le marché financier de New York, une récolte record, fin 2016, a fait chuter les prix à des niveaux très bas, passant sous la barre des 1.800 dollars en avril 2017.

Mercredi, la tonne s‘échangeait à 2.552 dollars à New York.

Combien gagne un producteur ?

Le cacao étant majoritairement, en Afrique, le produit de petites exploitations, il est très difficile d‘établir un revenu moyen, souligne Kristy Leissle, spécialiste du cacao.

Mais, parce qu’il s’agit de petites exploitations, on peut sans crainte affirmer que “la grande majorité des agriculteurs n’ont pas beaucoup de terrain, donc pas beaucoup de revenus”. Une étude parue au printemps 2018 et menée par le cabinet True Price pour la marque de commerce équitable Faitrade estime toutefois le revenu moyen des producteurs de cacao en Côte d’Ivoire à 0,78 dollar par jour, “un revenu insuffisant”, en deçà du seuil de pauvreté.

Aujourd’hui, le prix “bord champ”, c’est-à-dire le prix payé aux cacaoculteurs par les acheteurs sur le terrain, est fixé à 750 francs CFA le kg en Côte d’Ivoire et environ 800 francs CFA au Ghana

Mais pour Sié Kambou, un planteur de cacao interrogé par la télévision ivoirienne: “Quand on regarde les charges d’un producteur dans une plantation, les autres charges comme la scolarisation des enfants, il faut au minimum un prix de 1.000 francs CFA par kilo de cacao”, payés au producteur, soit 1,52 euro.

Et le chocolat

Le chocolat, principal débouché du cacao, génère environ 100 milliards de dollars par an. Dont seuls 6% atterrissent dans la poche des producteurs.

Et, souligne le “baromètre du cacao”, depuis le milieu des années 1980, les évolutions du prix du cacao ont eu très peu d’incidence sur les marges des grands groupes.

Producteurs et consommateurs, eux, ont en revanche dû s’adapter. “Si les prix de vente ont souvent grimpé de 10% d’un coup quand le prix du cacao grimpait aussi”, soulignent les auteurs, “ils n’ont que peu baissé – quand ils baissaient – quand le prix du cacao diminuait. (…) Cela signifie que, lorsque le prix des fèves baisse, tous les membres de la filière, sauf les agriculteurs, ont de grandes chances de voir leurs marges augmenter”.

Le prix plancher, une solution ?

En présentant l’initiative du prix minimum, le vice-président du Ghana a déclaré qu’“un juste prix des fèves de cacao serait une grande aide (…) pour améliorer les condition de vie”, tandis que le directeur général du Conseil Café Cacao de Côte d’Ivoire, Yves Kone, souhaitait “un prix qui puisse rémunérer le travail de l’homme décemment”.

“La mise en place d’un prix plancher peut en effet aider à stabiliser la situation et aider les gouvernements de ces deux pays à offrir de meilleurs prix dans le futur”, avance Amanda Berlan, professeure à la De Montfort University au Royaume-Uni.

Mais tout dépend de ce prix, met en garde Mme Leissle. “Le prix minimum qu’ils ont annoncé n’est pas beaucoup plus haut que le cours actuel. Donc si, en théorie, un prix minimum est fantastique, je ne comprends pas vraiment comment cela peut changer les choses à ce prix-là…..”.

Pour David Arrion, directeur exécutif de l’ICCO, “la hausse du prix sur le marché mondial n’ira pas forcément dans la poche des producteurs”. L’une des clefs pour augmenter leurs revenus serait, selon lui, plutôt de “diversifier les cultures des fermes, en cultivant aussi du café, du maïs, du poivre, par exemple, et aussi des cultures vivrières”

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