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Comores : accord pour l'impunité des rebelles contre la remise des armes

Comores : accord pour l'impunité des rebelles contre la remise des armes

Comores

Comores, les hommes armés et le pouvoir engagent des négociations.

Le gouvernement comorien a proposé vendredi l’impunité contre la remise de leurs armes aux rebelles retranchés dans la médina de Mutsamudu, capitale d’Anjouan, selon un protocole d’accord dont l’AFP a obtenu copie.

L’accord stipule que le président Azali Assoumani “est disposé à accorder l’impunité à toute personne civile qui remettra son arme aux autorités militaires (…) entre 6h du matin et 18h”, ce vendredi.

Il précise que “cette personne ne sera pas poursuivie et pourra partir librement vers la destination de son choix”.

L’accord a été signé entre le gouvernement comorien, l’exécutif de l’île d’Anjouan contrôlé par l’opposition, et une délégation de la ville de Mutsamudu.

Les pourparlers et la signature du protocole d’accord ont eu lieu dans un hôtel de Mutsamudu. La délégation gouvernementale était conduite par le ministre de l’Education nationale Mahamoud Salim.

Une cérémonie de remise des armes des rebelles, au nombre d’une quarantaine selon un opposant, était prévue en fin d’après-midi à la mairie de la ville.

#conflit #Comores: Situation encore tendue sur l'île d'#Anjouan.
►Conflit entre l'armée comorienne et des insurgés armés.
►Les autorités assurent que les insurgés seraient sur le point de se rendre.

— European News Agency (@Eunewsagency) 19 octobre 2018

Pénurie des denrées alimentaires

Ailleurs dans la ville, où un couvre-feu nocturne est en vigueur, la situation semblait être redevenue normale même si les habitants souffrent de pénuries.

“Les difficultés semblent concentrées au centre-ville, dans la médina et autour, même si le quartier de Pagé n’a plus d’eau ni d’électricité non plus depuis deux jours”, a décrit Mme Greusard.

“On manque de tout, mais c’est surtout l’eau. Le manque d’eau est intenable. Cela fait quatre jours qu’on n’a pas d’eau,” a déclaré à l’AFP une habitante de Mutsamudu sous couvert de l’anonymat.

L’aéroport était accessible normalement et des vols commerciaux étaient opérés par la compagnie comorienne AB Aviations.

Des journalistes de l’AFP arrivés jeudi après-midi par avion ont trouvé le centre de Mutsamudu, habituellement très vivant, avec des rues désertes plongées dans l’obscurité, dont les commerces avaient les rideaux baissés. Aucun tir n‘était audible en début de soirée.

Les forces de l’ordre ont dit leur détermination à “mettre fin à cette situation le plus vite possible”, selon le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou.

Renverser le gouvernement

Les opposants semblaient, eux, décidés à tenir leurs positions, à en croire un responsable politique comorien à Mayotte (France) où il a demandé l’asile politique. “Les citoyens révoltés (…) n’ont pas pour but de cesser le feu” et comptent renverser “le colonel” Azali Assoumani, a affirmé à l’AFP Ahmed Samir, secrétaire régional de l’Union pour le développement des Comores (UPDC).

Selon lui, une quarantaine d’hommes mènent la lutte armée. Des témoins avaient décrit les jours précédents des hommes encagoulés et équipés d’armes automatiques.

Depuis le début de la crise lundi, les autorités ont donné un bilan d’au moins trois morts. Des témoins ont fait état de plusieurs blessés. A Mayotte, île française proche, deux personnes originaires d’Anjouan sont arrivées sur une plage dans la nuit de mercredi à jeudi à bord d’une embarcation, l’une grièvement blessée par balle.

Les autorités accusent le parti Juwa, de l’opposant et ancien président de l’archipel Abdallah Sambi, originaire d’Anjouan, d‘être à l’origine des violences qui ont éclaté quand les manifestants ont érigé des barricades et que les forces de l’ordre les ont démantelées.

Les partis d’opposition, qui accusent le président de se comporter en dictateur “de république bananière”, renvoient la responsabilité de la situation au gouvernement.

Climat politique dégradé

Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué jeudi que “des consignes de prudence ont été données à nos ressortissants vivant à Anjouan et aux Français de passage”, mais que “aucune évacuation n’est envisagée à ce stade”.

#Comores | Situation à #Anjouan. La France condamne les actes de violence commis sur l'île et rappelle son attachement à la stabilité des Comores. La Communauté française est invitée à reporter tout déplacement vers Anjouan ConseilsVoyages https://t.co/sFTQCYHe6j pic.twitter.com/RLNI0fxQtC

— France Diplomatie?? (francediplo) 18 octobre 2018

Le climat politique s’est dégradé aux Comores depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet dernier. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74% de oui) a renforcé les pouvoirs du président Assoumani, notamment en l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.

Depuis 2001, la présidence était attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Il était ainsi prévu qu’Anjouan prenne la prochaine présidence.

Mais Azali Assoumani, ex-putschiste élu en 2016, a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé l’an prochain, ce qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029.

“Si Assoumani se présente aux élections en 2019 comme cela en prend le chemin, il y a peu de chances que le pouvoir passe à Anjouan comme cela aurait été le cas selon le système de rotation” de la présidence, estime Jane Morley, analyste à la Fitch Solutions Risk Consultancy.

Depuis le référendum des dizaines d’adversaires du chef de l’Etat, qui ont boycotté le scrutin de juillet, ont été arrêtés, dont Abdallah Sambi, inculpé dans une affaire de corruption et assigné depuis cinq mois à résidence à Moroni.

L’appel de l’opposition

“Pour ma part, et avec moi tous les démocrates de ce pays et tous ceux qui sont attachés aux grandes valeurs de liberté, de justice et de droit, je reste convaincu qu’il n’y a pas d’alternative à l’accord historique de Fomboni de 2001 et au retour sans délai à l’ordre constitutionnel” a lancé le chef de l’opposition Mohamed Ali Soihili dans un point de presse.

Des propos condamnés par le pouvoir. Le porte-parole du gouvernement critique une réaction qui tente à mettre le feu aux poudres plutôt que d’apaiser la crise.

AFP

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