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"Jungle Jabbah", le seigneur de guerre libérien qui met les Etats-Unis dans l'impasse

"Jungle Jabbah", le seigneur de guerre libérien qui met les Etats-Unis dans l'impasse

Libéria

Le procès de Mohamed Jabbateh, considéré comme un seigneur de guerre du temps de la première guerre civile au Liberia (1989-1996), s’est ouvert ce lundi 2 octobre aux Etats-Unis. Un procès qui vient raviver les tristes souvenirs de la guerre civile en pleine campagne électorale au Liberia.

“Jungle Jabbah”, c’est ainsi que l’avaient surnommé les Libériens lors de la première guerre civile du Liberia. Certains témoins prêtent à cet ancien commandant rebelle les pires crimes, comme lorsqu’il aurait éventré une femme enceinte pour lui retirer son enfant. Depuis ce lundi 02 octobre, date du début de son procès, ces accusations ont refait surface dans une cour de justice des Etats-Unis, où il est plutôt accusé de fraude dans ses documents d’immigration et parjure.

La justice américaine reproche en effet à “Jungle Jabbah” ou Mohamed Jabbateh à l‘état civil d’avoir menti aux services d’immigration lors de sa demande d’asile et d’avoir dissimulé son rôle de commandant au sein du United Liberation Movement for Democracy (ULIMO, Mouvement de libération unie pour la démocratie). En 1999, lorsque l’agent de l’immigration lui a demandé s’il avait commis des crimes ou s’il était impliqué dans des génocides, des meurtres à caractère raciste, religieux ou politique, l’ancien commandant rebelle avait nié avec véhémence. Idem lors de sa demande de résidence permanente en 2002.

Pourtant, plusieurs témoins consultés par les procureurs américains ont affirmé avoir collaboré avec Mohamed Jabbateh lors de la première guerre civile du Liberia au début des années 90. L’un d’eux a notamment expliqué avoir vu le présumé seigneur de guerre ordonner à un de ses soldats de tuer une autorité locale. Le cœur de cette dernière aurait ensuite été arraché, bouilli et mangé par les rebelles.

Depuis près de 20 ans maintenant, Mohamed Jabbateh vit en Pennsylvanie, aux Etats-Unis où il possède une entreprise d’emballage de colis. Arrêté en avril 2016, il continue de nier toutes les accusations formulées contre lui dont des meurtres, le recrutement d’enfants-soldats, la soumission au travail forcé et des délits de violence sexuelle. Son avocat Gregory Pagano le décrit au contraire comme quelqu’un de “pacifique, profondément religieux et très fidèle aux Etats-Unis d’Amérique”.

Si jamais il était reconnu coupable, Jabbateh pourrait être condamné à une peine d’un maximum de 30 ans d’emprisonnement, une amende et une période de mise en liberté sous surveillance. La possibilité qu’il soit déporté du fait de cette poursuite pénale est cependant exclue.

L’affaire Jabbateh s’inscrit dans le cadre des efforts entrepris pour retrouver les personnes accusées d’avoir commis des atrocités pendant les guerres civiles qui ont dévasté le Liberia entre 1989 et le début des années 2000, selon Elise Keppler, directrice associée du Programme de Justice internationale – organe de l’ONG Human Rights Watch. Elle a cité des efforts similaires au Royaume-Uni et en Suisse.

Au Liberia cependant, une certaine opinion accuse les autorités de faire table rase sur tous les meurtres qui ont été commis pendant les guerres civiles et de laisser en liberté les auteurs de ces atrocités. Un sujet qui n’est esquissé durant la campagne électorale en vue de la présidentielle du 10 octobre 2017.

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