Immigration
Après avoir été renvoyé illégalement au Salvador en mars, Kilmar Abrego Garcia, un migrant salvadorien protégé contre l’expulsion, fait à nouveau face à une reconduite imminente cette fois vers l’Ouganda. Une affaire emblématique des politiques migratoires agressives de l’ère Trump.
Kilmar Abrego Garcia, 30 ans, a vu son parcours bouleversé par une série de décisions judiciaires, d’erreurs administratives et de manœuvres politiques. Arrivé adolescent aux États-Unis après avoir fui les violences des gangs au Salvador, il a bâti sa vie dans le Maryland, aux côtés de sa compagne Jennifer Vasquez Sura et de leurs enfants.
En 2019, un simple arrêt devant un magasin Home Depot a changé le cours de son existence : arrêté par la police locale, soupçonné à tort d’appartenir au gang MS-13 en raison de ses tatouages, il est remis à l’ICE (immigration). Bien qu’un juge de l’immigration lui ait refusé l’asile en raison d’un dépassement de délai, ce même juge l’a protégé contre toute expulsion vers le Salvador, reconnaissant une « crainte fondée de persécution ».
Expulsé illégalement, puis rapatrié et poursuivi
En mars 2025, malgré cette protection, Abrego Garcia est expulsé vers le Salvador une expulsion jugée illégale par ses avocats. Il affirme y avoir été battu et torturé, des allégations que nie le président salvadorien Nayib Bukele. Face à une action en justice intentée par sa compagne, l’administration Trump est contrainte de le faire revenir aux États-Unis en juin, sur ordre de la Cour suprême.
Mais au lieu de reconnaître l’erreur, les autorités fédérales lui intentent une nouvelle procédure pour trafic d’êtres humains, en lien avec un contrôle routier de 2022. Ce jour-là, il conduisait avec neuf passagers, mais n’avait pas été inculpé à l’époque. Il plaide aujourd’hui non coupable.
Ses avocats dénoncent des poursuites « vindicatives et sélectives », pointant du doigt l’acharnement politique de l’administration Trump, qui a classé le MS-13 comme organisation terroriste étrangère en février.
Un nouveau risque d’expulsion, vers l’Ouganda cette fois
Libéré d’une prison du Tennessee vendredi après 11 semaines de détention, Abrego Garcia risque désormais une expulsion vers l’Ouganda. Selon ses avocats, le gouvernement américain a proposé deux scénarios : un plaidoyer qui impliquerait une expulsion vers le Costa Rica, mais l’obligerait à retourner en prison ou une expulsion directe vers l’Ouganda, dès lundi.
L’administration lui a donné jusqu’à lundi matin pour accepter ou refuser l’offre. S’il refuse, il pourrait être immédiatement expulsé vers l’Afrique, bien qu’il n’ait aucun lien avec l’Ouganda.
Face aux risques de reconduite sans procédure régulière, la juge fédérale Paula Xinis, dans le Maryland, a imposé des restrictions à l’ICE fin juillet. Elle exige que toute procédure d’expulsion passe par Baltimore, et que l’agence donne un préavis de trois jours ouvrables avant toute tentative d’éloignement.
« L’administration n’a pas démontré qu’en l’absence d’intervention, les droits d’Abrego Garcia à une procédure régulière seraient protégés », écrit-elle dans sa décision.
Libéré vendredi par un magistrat du Tennessee, Abrego Garcia a rejoint son frère dans le Maryland, où il est désormais placé en détention à domicile sous surveillance électronique.
01:11
Accord controversé entre l'Eswatini et l’administration Trump
01:12
Kenya : Londres accepte d’indemniser des milliers de victimes d’un incendie
01:05
Guinée : trois grands partis politiques suspendus à l’approche du référendum
01:13
RDC : la peine de mort requise contre l’ancien président Joseph Kabila
01:34
Kenya : nouvelles exhumations près du site de la secte de Shakahola
01:11
Le Sénégal demande aux USA de ''retirer'' les sanctions contre la CPI