São Tomé and Príncipe
Dans une interview exclusive, le Premier ministre démis de São Tomé e Príncipe, Patrice Trovoada, réagit à la décision du président Carlos Vila Nova de mettre fin à son mandat. Une décision qu'il considère comme "illégale" et "anticonstitutionnelle". En réponse à cette crise politique, Trovoada promet d’utiliser toutes les voies légales disponibles pour défendre la Constitution et son gouvernement.
Une décision "illégale" et "anticonstitutionnelle"
Le 6 janvier 2025, le président Carlos Vila Nova annonçait la démission du gouvernement dirigé par Patrice Trovoada. Une décision prise sans passer par le Conseil d'État et sans justification légale, selon le Premier ministre démis. "La situation politique est une crise provoquée par le président de la République, une crise qui n’était pas nécessaire", a affirmé Trovoada, ajoutant que la Constitution exige que le président ne puisse démettre le Premier ministre que dans des cas de dysfonctionnement des institutions démocratiques. "Le président ne peut démettre un Premier ministre que si ce dernier nuit au bon fonctionnement des institutions, mais il n’a pas fourni de preuves solides", a-t-il précisé.
Patrice Trovoada a insisté sur le fait que son gouvernement avait une majorité absolue au parlement, soutenue par près de 66 % des voix. "Il s'agit d'un acte politique, pas d'une question de droit constitutionnel", a-t-il ajouté. Pour lui, le président a violé la Constitution, ce qui, selon lui, a des conséquences "politiques graves".
Un gouvernement qui a redressé l’économie du pays
Trovoada n’a pas manqué de souligner les avancées économiques réalisées sous son mandat. "En deux ans, nous avons réduit l’inflation de moitié, passant de 25,6 % à moins de 11 %", a-t-il expliqué. Il a également évoqué la récente signature d'un programme avec le FMI, qui a permis à São Tomé e Príncipe de sortir du groupe des pays les moins avancés. De plus, des mesures sociales telles qu’un programme d'assistance familiale pour les mères célibataires ont été mises en place. "Nous avons maintenant 5 000 mères de famille isolées qui reçoivent une aide régulière", a souligné le Premier ministre démis.
La stabilité politique menacée par une crise personnelle
Pour Patrice Trovoada, cette crise politique résulte de "questions personnelles et d’ego" plutôt que de véritables dysfonctionnements au sein de son gouvernement. "Le président, par sa décision, ne respecte même pas la Constitution. Il essaie d’imposer une situation qui n’a pas de fondement juridique", a-t-il affirmé. Il a également précisé qu’il était déterminé à défendre la légalité de son gouvernement, non seulement pour son propre intérêt mais aussi pour celui de la population.
"Je ne veux pas que cette crise fasse reculer le pays. Nous avons besoin de stabilité pour attirer les investissements et améliorer la vie de nos citoyens", a-t-il déclaré.
Vers un recours devant la Cour Suprême
Malgré la tension, Trovoada a assuré qu'il n'y aurait pas de recours à la violence ou à des actions de rue pour résoudre cette crise. "Je vais épuiser toutes les voies légales. Si la Cour Suprême décide que la démission est illégale, tant mieux. Si la décision n’est pas en ma faveur, je la respecterai", a-t-il conclu. Cependant, il a averti que des conséquences politiques seraient à prévoir si le président persévérait dans ce qu’il considère comme une violation constitutionnelle.
Le Premier ministre démis a exprimé son inquiétude face à la possibilité d'une crise prolongée. "Commencer une crise, c'est facile. La résoudre, c'est beaucoup plus difficile. Mon objectif est de garantir la paix et la stabilité de notre pays", a-t-il insisté.
La suite ? L'incertitude reste
La Constitution de São Tomé e Príncipe impose que le président propose un nouveau Premier ministre dans les 72 heures suivant la démission, délai qui expire le 8 janvier. Le pays est dans l'attente de la décision qui pourrait relancer la machine politique et économique ou, au contraire, plonger le pays dans une instabilité politique accrue.
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