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Kenya : timide espoir de dialogue après des mois de manifestations

Kenya : timide espoir de dialogue après des mois de manifestations
Des manifestants se tiennent près d'une barricade en feu dans une rue du quartier de Mathare à Nairobi, au Kenya, le 12 juillet 2023   -  
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Kenya

Les habitants de la capitale kényane Nairobi espéraient mercredi que s'ouvre un dialogue entre le président et l'opposition, qui se sont dits prêts à discuter après des mois de manifestations meurtrières contre le gouvernement et la hausse du coût de la vie.

Mardi soir, le chef de l’État William Ruto a déclaré être "disponible pour (...) rencontrer" le leader de l'opposition Raila Odinga, qui avait assuré quelques heures plus tôt s'être "toujours dit (...) ouvert au dialogue".

En visite mercredi dans des hôpitaux de Nairobi pour rencontrer des victimes de la "violence policière sans précédent" organisée selon lui par les autorités, M. Odinga n'avait pour l'instant pas répondu à cette déclaration présidentielle.

Les deux camps ont déjà tenté d'organiser des "discussions bipartisanes" après les premières manifestations de l'opposition en mars. Mais elles ne se sont jamais concrétisées, entraînant la reprise début juillet de cette mobilisation qui a été émaillée de pillages, actes de vandalisme et d'affrontements ayant fait plusieurs dizaines de morts.

Selon la coalition d'opposition Azimio, au moins 50 personnes ont été tuées depuis mars - une vingtaine, selon les chiffres officiels - durant ses neuf premières journées d'action.

"Qu'ils s'assoient et qu'ils dialoguent. (...) S'ils ne se parlent pas, l'impasse ne finira jamais et nos souffrances continueront", a exhorté Josphat Ng'atho, chauffeur de "boda boda" (mototaxi) de 36 ans à Nairobi.

"Montrez-moi quelqu'un qui n'est pas fatigué des manifestations", lance de son côté Cate Wafula, 29 ans, réceptionniste dans un immeuble de bureaux. "Je ne viens pas au travail chaque fois qu'il y a des manifestations parce que j'ai peur d'être attaquée et volée", raconte-t-elle.

Locomotive économique d'Afrique de l'Est, le Kenya voit son activité paralysée lors des journées de manifestations, par crainte d'incidents et de violences. Depuis deux semaines, l'ONU, des puissances occidentales ainsi que le clergé et les principaux journaux kényans ont multiplié les appels au calme et au dialogue.

L'opposition a transformé sa dixième journée de manifestations prévue mercredi en un hommage aux "victimes des violences policières" avec des "défilés et veillées de solidarité", appelant les Kényans à "allumer des bougies et déposer des fleurs" en leur mémoire.

Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé la répression menée par les forces de l'ordre, qui ont parfois riposté avec des tirs à balles réelles. Une coalition de 29 ONG, dont Amnesty International, a affirmé vendredi dernier avoir documenté 27 "exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires" lors des manifestations en juillet.

Le ministère de l'Intérieur a affirmé mardi que les allégations "d'exécutions extrajudiciaires et/ou de recours excessif à la force (...) sont malveillantes, fausses et destinées à tromper l'opinion publique".

Accusant l'opposition d'inciter à la violence, le président Ruto a affirmé la semaine dernière que la police devait "s'assurer qu'elle (était) ferme envers les criminels, les gangs, les anarchistes et tous ceux qui veulent semer le chaos".

Élu en août 2022 face à Raila Odinga qui ne reconnaît pas les résultats du scrutin, William Ruto fait face à une contestation croissante. L'ancien vice-président, qui avait promis durant la campagne de soutenir les plus défavorisés, est accusé d'aggraver les difficultés économiques des Kényans, qui font face à une inflation continue (+8% sur un an en juin).

Après avoir supprimé des subventions sur les carburants et les produits alimentaires, dont les prix ont augmenté, il a promulgué début juillet une loi de Finances 2023-204 qui augmente certaines taxes et en crée d'autres.

Estimant que "les manifestations et la contestation ne sont pas une solution", William Ruto et son gouvernement dénoncent un "sabotage économique" mené par l'opposition. Selon une association d'organisations du secteur privé (Kepsa), chaque journée de mobilisation fait perdre l'équivalent de 3 milliards de shillings (environ 19 millions d'euros) à l'économie kényane.

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