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La guerre au Soudan perturbe le pèlerinage à La Mecque

Des pèlerins prient devant la Kaaba, l'édifice cubique de la Grande Mosquée, lors du pèlerinage annuel du Hajj, à La Mecque, en Arabie saoudite, le jeudi 22 juin 2023   -  
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Arabie Saoudite

Loin des violents combats au Soudan, Kamal Kabachi prie pour "la paix et la stabilité" à la veille du grand pèlerinage à La Mecque, à quelque 2.000 kilomètres de son pays déchiré par plus de deux mois de guerre.

Kamal Kabachi fait partie des plus de deux millions de musulmans attendus dans la ville la plus sainte de l'islam, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, pour le hajj qui démarre officiellement dimanche.

"J'ai très peur pour ma famille et mes enfants", confie à l'AFP ce fonctionnaire de 52 ans pendant qu'il se recueille à l'intérieur de la Grande mosquée, vêtu d'un ihram, deux couches de tissu blanc qui enveloppent le corps des hommes pendant leur pèlerinage.

Il y a à peine quelques semaines, des projectiles se sont abattus sur sa maison à Al-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord, une région de l'ouest du Soudan. La maison a été sérieusement endommagée mais, heureusement, sa famille l'avait déjà quittée plus tôt pour fuir les violences, raconte-t-il.

Depuis le 15 avril, une lutte de pouvoir oppose l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo.

Leur guerre a plongé ce pays parmi les plus pauvres du monde dans le chaos, fait plus de 2.000 morts et poussé plus 2,5 millions de civils à fuir.

Arrivés par bateau

L'ONU s'inquiète tout particulièrement de la situation au Darfour, la région de Kamal Kabachi, déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000 et théâtre des violences les plus meurtrières.

"Je lève les mains vers Dieu Tout-Puissant pour qu'il résolve les problèmes au Soudan", souffle le père de famille qui effectue pour la dixième fois le hajj, l'un des cinq piliers de l'islam qu'un musulman pratiquant doit accomplir au moins une fois dans sa vie, s'il en a les moyens.

L'aéroport de Khartoum étant fermé à cause de la guerre, Kamal Kabachi, comme les autres pèlerins venus du Soudan, a traversé la mer Rouge par bateau pour rejoindre Jeddah, la ville saoudienne proche de La Mecque, où se tiennent depuis plusieurs semaines des pourparlers qui piétinent entre les deux camps rivaux soudanais.

Ahmed Jaber, qui l'accompagne dans ce voyage, assure que les Soudanais "ne rêvent que de paix". Ce commerçant de 62 ans, qui effectue le hajj pour la première fois, se préparait depuis des mois à prier pour sa famille et ses proches.

"Aujourd'hui, je ne prie pas seulement pour ma famille, je prie pour tous les Soudanais", raconte-t-il en retenant ses larmes au-dessus d'un masque de protection.

Au Soudan, la situation humanitaire catastrophique devrait encore s'aggraver avec la saison des pluies, synonyme de recrudescence du paludisme, d'insécurité alimentaire et de malnutrition infantile.

S'en remettre à Dieu

Les deux tiers des établissements de santé dans les zones de combat sont désormais hors service, alors que 11 millions de personnes ont besoin d'une assistance sanitaire, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Au total, l'ONU estime que 25 des 48 millions de Soudanais ne peuvent survivre sans aide humanitaire.

A La Mecque, Haram Ali dit ressentir un certain "apaisement psychologique" en accomplissant le hajj pour la première fois avec sa famille.

"Je prie pour la paix et pour que tous les Soudanais puissent eux aussi ressentir ce même apaisement", dit à l'AFP cette professeure de mathématique de 49 ans.

Pour elle, le pèlerinage de cette année est plus que jamais "un don de Dieu" qui permet à sa famille de se "reposer du calvaire au Soudan".

Dans le pays d'Afrique de l'Est, malgré le drame humanitaire, les combats continuent de faire rage, les trêves successives ne sont presque jamais respectées et les multiples initiatives diplomatiques restent lettre morte.

Alors, Maha Abdallah, une femme au foyer soudanaise de 50 ans, ne voit nulle autre solution que de s'en remettre à Dieu. "La situation est difficile. Très difficile. Seule l'intervention de Dieu pourrait changer les choses", se désole-t-elle.

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