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Afrique du Sud : le cannabis entame sa révolution

Des étudiants de la Cheeba Cannabis Academy de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 15 juin 2023.   -  
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IHSAAN HAFFEJEE/AFP or licensors

Afrique du Sud

Dans cette école d'une banlieue de Johannesburg, l'emploi du temps varie entre cours de commerce, nutrition et horticulture : les élèves ici sont des cultivateurs (en herbe) de cannabis mais dans l'établissement, interdiction stricte de fumer.

"Il est important pour nous de professionnaliser le secteur et montrer que nous ne sommes pas des toxicos aux yeux rougis, passant des heures à s'extasier sur la qualité de l'herbe", explique à l'AFP le cofondateur de la Cheeba Cannabis Academy, Linda Siboto.

L'école privée qui se targue d'avoir été en 2020 la première sur le continent à se spécialiser dans l'art de faire pousser du cannabis, compte sur une révolution de l'herbe en Afrique du Sud dans la foulée d'autres régions comme l'Espagne ou la Californie, qui ont pris le parti ces dernières années de la légalisation.

Le secteur présente un "énorme potentiel" pour les investissements et pourrait "créer plus de 130.000 emplois", a assuré l'an dernier le président Cyril Ramaphosa. Un enjeu dans un pays au climat socio-économique morose, rongé par un chômage endémique.

En Afrique australe, plusieurs voisins comme le Lesotho, le Zimbabwe ou le Malawi se sont déjà lancés dans la culture du cannabis médical.

"Nous avons un taux d'ensoleillement incroyable et beaucoup de terres" disponibles, souligne Trenton Birch, cofondateur de l'école. Tous les atouts, selon lui, pour placer le pays parmi les plus grands exportateurs mondiaux quand d'autres comme le Canada produisent à des coûts plus élevés en intérieur.

Sur un marché qui pourrait, selon les projections, peser 272 milliards de dollars d'ici 2028, la Cheeba Cannabis Academy prépare ceux qui voudront prendre une part du gâteau. En douceur.

Les journées des aspirants planteurs d'herbe commencent habituellement par une séance de yoga. Ce jour-là, ils poursuivent en blouses blanches avec une séance de travaux pratiques au laboratoire.

"Celle-ci n'est pas morte, ni malade. Elle a juste besoin d'eau", explique un enseignant visiblement passionné devant une plante en piteux état.

Légal ou pas ?

Pour l'instant, la profession navigue avec une législation encore floue en Afrique du Sud.

La vente de cannabis pour un usage non médical est toujours illégale mais en 2018 la plus haute cour du pays a décriminalisé l'usage à des fins privées. Le pays est en attente depuis des années d'une nouvelle loi.

Des clubs de cannabis, où les membres paient pour que leurs plants soient entretenus, ont éclos aux quatre coins de l'Afrique du Sud mais la légalité du concept est encore en cours d'examen par les tribunaux.

Tout ceci est source de "confusion", regrette Simon Howell, chercheur à l'université du Cap.

Le gouvernement sud-africain a par ailleurs accordé ces dernières années des centaines de licences pour le lancement d'exploitations spécialisées dans la culture du chanvre et du cannabis médical. Mais l'installation est coûteuse, à hauteur d'un million de dollars d'investissement en moyenne.

Le système favorise les gros producteurs au détriment des petits cultivateurs traditionnels, regrettent certains professionnels. La culture du cannabis est une tradition centenaire dans certaines régions du pays.

Selon Johann Slabber, expert en produits pharmaceutiques et entrepreneur du secteur du cannabis, de nombreuses exploitations ont du mal à s'en sortir.

La production actuelle dépasse la demande intérieure mais les exportations notamment vers l'Europe ne sont pas autorisées parce que les normes de qualité ne correspondent pas, explique le spécialiste.

Sur une centaine d'entreprises autorisées à produire du cannabis médical, seuls cinq exportent actuellement "en masse", précise-t-il.

Le gouvernement a promis de rationaliser les réglementations pour permettre au marché de prospérer.

Kholosa Myeki prépare déjà l'avenir : comme les 600 autres élèves sortis de la Cheeba Cannabis Academy depuis sa création, l'étudiante espère devenir une professionnelle du cannabis, avec en tête l'idée d'ouvrir son propre laboratoire de contrôle qualité.

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