Libye
L'émissaire de l'ONU en Libye a estimé lundi qu'une récente entente entre camps rivaux sur le cadre juridique de futures élections comportait des articles controversés susceptibles de provoquer une nouvelle crise dans le pays faute d'un accord politique entre les protagonistes.
Abdoulaye Bathily, chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), a émis ces réserves dans un rapport présenté au Conseil de sécurité à New York et dont le texte a été publié par ses services.
Une commission mixte dite 6+6, formée par le Parlement siégeant dans l'Est de la Libye et le Haut Conseil d'Etat, qui fait office de Sénat, basé dans l'ouest, avait annoncé avoir trouvé un terrain d'entente sur la base juridique des élections au terme d'une réunion à Bouznika au Maroc, malgré des points de dissension non résolus.
Ce texte est censé servir de base juridique à des élections présidentielle et législatives, qui étaient initialement prévues en décembre 2021 avant d'être reportées sine die en raison de divergences entre rivaux dans un pays en proie au chaos depuis le renversement du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
M. Bathily a estimé dans son rapport que l'accord conclu au Maroc constituait "une avancée importante, mais insuffisante pour résoudre les questions les plus controversées et permettre la tenue d'élections réussies".
Il a notamment cité comme points contentieux "les critères d'éligibilité à l'élection présidentielle, le lien entre les élections présidentielle et parlementaires et la question de la formation d'un nouveau gouvernement unifié" avant les scrutins.
Ces points "très controversés" nécessitent selon lui "un accord politique entre les principales parties prenantes et les principaux groupes d'intérêt de l'ensemble de l'échiquier politique libyen".
"Faute de quoi, les dispositions législatives correspondantes resteraient certainement inapplicables et pourraient même déclencher une nouvelle crise", a-t-il averti.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir en Libye depuis un an : l'un installé à Tripoli (ouest), dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l'autre dans l'Est, soutenu par le très puissant maréchal Khalifa Haftar.
"Le processus politique en Libye (...) a de nouveau atteint un stade critique", a estimé M. Bathily, appelant les membres du Conseil de sécurité à faire pression sur les protagonistes pour qu'ils "fassent preuve de la volonté politique requise pour conduire leur pays à des élections réussies".
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