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Ghana : le cacao, manne pour les industriels, amer pour les producteurs

Ghana : le cacao, manne pour les industriels, amer pour les producteurs
Un cultivateur de cacao étale des fèves de cacao pendant le processus de séchage au soleil dans l'arrière-cour de sa maison à Asikasu, le 19 décembre 2020.   -  
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CRISTINA ALDEHUELA/AFP or licensors

Ghana

Les plus grands chocolatiers du monde voient leurs profits s'envoler, mais ne tiennent pas leurs promesses d'améliorer les salaires des agriculteurs qui font pousser le cacao au Ghana, l'un des principaux pays producteurs, dénonce jeudi l'ONG Oxfam dans un rapport.

Oxfam cite notamment les sociétés américaines Hershey et Mondelez ainsi que les suisses Lindt et Nestlé, qui "ont réalisé ensemble près de 15 milliards de dollars de bénéfices grâce à leurs seules divisions de confiserie depuis le début de la pandémie, en hausse de 16% en moyenne depuis 2020".

Dans son communiqué, Oxfam relève aussi que les fortunes des familles Mars et Ferrero, qui possèdent les géants du même nom, se sont envolées de plusieurs dizaines de milliards de dollars depuis 2020, selon le classement de Forbes.

Dans le même temps, les revenus nets de 400 producteurs de cacao interrogés par l'organisation à travers le Ghana "ont baissé en moyenne de 16% depuis 2020, les revenus des femmes ayant chuté de près de 22%", indique l'ONG dans un communiqué.

Jusqu'à 90% des producteurs de cacao ghanéens ne gagnent pas assez pour se permettre suffisamment de nourriture ou d'autres produits de base, et leur situation s'est détériorée depuis la pandémie, ajoute le rapport.

L'ONG note aussi que si le Ghana produit environ 15% des fèves au niveau mondial, il ne reçoit qu'environ 1,5% des retombées annuelles planétaires du secteur, estimées à 130 milliards de dollars par an.

Le Ghana et la Côte-d'Ivoire voisine produisent ensemble environ les deux tiers du cacao mondial.

Les chocolatiers visés par le rapport ayant répondu aux sollicitations de l'AFP ont tous précisé qu'ils versaient une prime directement aux producteurs pour compléter le prix d'achat du cacao.

Mais Oxfam estime que ces primes sont insuffisantes et appelle les grands groupes du secteur à "augmenter de manière significative les prix payés aux agriculteurs et atténuer l'impact de l'inflation" sur leurs coûts.

Nestlé a aussi dit à l'AFP "ne pas pouvoir influencer les prix à la ferme en raison de la structure du commerce du cacao au Ghana", mais assure que la société fait "tout ce qu'elle peut pour aider les familles de producteurs".

Ferrero a précisé qu'il encourage "la diversification des cultures et aide (les agriculteurs) à établir des sources de revenus supplémentaires", tandis qu'un porte-parole de Mars a indiqué que le groupe "travaille avec les femmes et leurs familles (...) pour améliorer leurs moyens de subsistance".

Lindt & Sprüngli a assuré de son côté proposer des formations aux producteurs ainsi que des aides pour diversifier leurs revenus ou accéder à des financements, et investir dans les infrastructures locales, selon un porte-parole.

Oxfam explique s'être penchée sur les programmes de développement durable des géants du secteur, "qui ont tous pour priorité d'aider les agriculteurs à produire plus de cacao".

Mais aucun de ces programmes n'a atteint son objectif - les rendements ont même diminué - échouant par conséquent à augmenter les revenus des producteurs, affirme le rapport.

Les labels commerce équitable eux-mêmes, s'ils garantissent un revenu plus élevé au producteur, sont insuffisants pour permettre aux agriculteurs de gagner décemment leur vie, a précisé Oxfam à l'AFP.

"Sans une tarification équitable et des revenus décents, il n'y aura jamais de chocolat +durable+", a martelé Amitabh Behar, directeur par intérim d'Oxfam.

Contactés par l'AFP, les autres chocolatiers cités n'ont pas immédiatement répondu.

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