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COP 27 : les défis de l'Afrique vers une transition énergétique viable

COP 27 : les défis de l'Afrique vers une transition énergétique viable
Un panneau solaire dans le quartier Ojuelegba de Lagos, au Nigeria, le 20 août 2022   -  
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Sunday Alamba/Copyright 2022 The Associated Press

Cop 27

Dans le comté semi-aride de Makueni, au Kenya, Purity Kinyili, 50 ans, passait le plus clair de son temps à se déplacer pour trouver de l'eau et du bois de chauffage afin de subvenir aux besoins de sa famille et de ses terres agricoles.

Puis le gouvernement a lancé une initiative visant à installer l'énergie solaire dans les villes rurales. Elle s'est donc procuré des panneaux faciles à installer, les a montés et a creusé un puits de forage à énergie solaire. Aujourd'hui, sa terre autrefois aride est devenue d'un vert luxuriant et il lui reste même assez d'énergie pour alimenter sa maison en électricité.

L'accès à une énergie plus abondante et plus propre tout en continuant à se développer économiquement sera une priorité absolue pour les nations africaines lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat qui se tiendra en novembre, ont déclaré de hauts responsables et des experts du climat sur le continent.

Dans le cadre de l'objectif de l'Afrique de réaliser ce que l'on appelle une "transition juste", c'est-à-dire de veiller à ce que le développement des énergies propres soit équitable et inclusif, l'Union Africaine (UA) souhaite améliorer l'accès à l'électricité et aux ressources de cuisson propres pour des centaines de millions de personnes. 

Combustibles fossiles

Quelque 600 millions de personnes sur les 1,4 milliard qui vivent sur le continent n'ont pas l'électricité, et 900 millions n'ont pas accès à des combustibles de cuisson plus propres. Certains experts affirment que l'amélioration du niveau de vie signifie que l'Afrique devra, au moins temporairement, augmenter sa production de combustibles fossiles.

L'Afrique a besoin de délais plus longs et de ressources financières plus importantes pour passer aux énergies propres si elle veut toujours atteindre ses objectifs de croissance sociale et économique, avance Harsen Nyambe, directeur de la division de l'environnement durable et de l'économie bleue à l'UA.

Il a déclaré que si une transition juste est "bonne", il a insisté sur la nécessité d'être "réaliste" quant aux attentes des nations africaines, car le continent tente également de développer des infrastructures avec moins de ressources, tout en étant déjà confronté aux effets du réchauffement climatique.

Sécheresse permanente

L'Afrique est particulièrement vulnérable au changement climatique, avec peu de ressources pour s'adapter à des températures plus chaudes et plus sèches dans certaines régions et à des averses extrêmes dans d'autres. La Corne de l'Afrique et l'est du continent souffrent d'une sécheresse permanente et dévastatrice qui laisse les populations avec peu de nourriture et d'eau, tandis que les nations du sud sont frappées par des cyclones mortels de plus en plus fréquents.

"Nous avons des capacités et des responsabilités différentes", soutient Harsen Nyambe, ajoutant que l'Afrique pourrait, par exemple, se voir accorder jusqu'à 100 ans pour abandonner les combustibles sales. De nombreuses nations, en particulier les pays développés comme les États-Unis et l'Europe, qui sont responsables d'une grande partie des gaz qui piègent la chaleur dans l'atmosphère, cherchent à atteindre des émissions "nettes" d'ici 2050. La Chine espère atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2060, et l'Inde d'ici 2070.

L'Afrique émet déjà beaucoup moins de dioxyde de carbone que d'autres continents ou nations, puisqu'elle ne représente que 3 à 4% des émissions, alors qu'elle abrite près de 17% de la population mondiale, fait ressortir James Murombedzi, qui dirige l'Africa Climate Policy Centre.

Manque de financement

Pour atteindre le "zéro net", les pays devraient réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre tout en compensant le reste par des projets qui aspirent le dioxyde de carbone de l'atmosphère. Des projets de plantation d'arbres ont vu le jour sur tout le continent, comme dans le parc de Lufasi au Nigeria ou les projets de restauration de la mangrove au Mozambique, principalement grâce à des investisseurs privés qui cherchent à contrebalancer leurs propres activités polluantes.

Toutefois, selon les experts, les gouvernements locaux ne sont pas encore en mesure d'investir les fonds nécessaires à de tels projets d'absorption du carbone"Il y a une pression pour le zéro net d'ici 2050. Je pense qu'en tant qu'Afrique, nous ne devrions pas céder à cette pression compte tenu de nos circonstances", affirme Harsen Nyambe, faisant référence au manque de financement et aux besoins croissants en infrastructures de l'Afrique.

Tout objectif en matière d'émissions "devrait être accompagné de ressources car comment se transformer sans capacité, sans financement et sans technologie ?", ajoute-t-il.L'obtention d'un soutien financier approprié lors de la COP27 peut contribuer à donner un coup de fouet à la transition de l'Afrique vers des énergies plus propres.

Besoins énergétiques

L'UA a désigné le gaz naturel comme "combustible de transition" pour répondre aux besoins énergétiques de l'Afrique, aux côtés des énergies renouvelables, de l'hydrogène et de l'énergie nucléaire, bien que certains experts se soient demandé si le gaz devait être utilisé dans le cadre d'une transition vers des sources plus propres. Bien qu'il émette moins de dioxyde de carbone que les autres combustibles fossiles, la mise en place d'une infrastructure gazière pourrait ralentir les efforts en faveur des énergies renouvelables.

"L'Afrique s'oriente vers un avenir énergétique propre, mais elle le fera en fonction de ses besoins et des circonstances", clame Linus Mofor, conseiller principal en affaires environnementales à la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. "L'utilisation du gaz naturel, qui est abondant sur le continent, est essentielle."

L'Algérie, l'Égypte et le Nigeria sont en tête de la production de gaz en Afrique, tandis que des pays comme le Sénégal, le Mozambique, la Tanzanie et l'Angola devraient tous devenir des pôles de production de gaz. Selon Linus Mofor, "la transition vers les énergies renouvelables nécessitera d'importants investissements en capital. D'ici à 2030, l'Afrique aura besoin de 2 000 milliards de dollars pour assurer sa transformation énergétique."

Transition

Certaines des grandes économies du continent ont déjà investi massivement dans les énergies renouvelables, avec des méga-projets comme la centrale solaire d'Ouarzazate au Maroc, la centrale solaire de Kom Ombo en Égypte, la centrale géothermique de Menengai au Kenya, le parc éolien du lac Turkana et la centrale solaire de Jasper en Afrique du Sud.

Des projets plus modestes, tels que les panneaux solaires hors réseau destinés à fournir de l'électricité aux zones rurales ou les panneaux solaires installés sur les toits, sont également en cours d'installation sur le continent, le Kenya, l'Afrique du Sud et le Nigeria étant en tête.

Mais un "engagement fort des nations développées" à contribuer à la réduction des émissions et à aider à la transition énergétique de l'Afrique signifie qu'encore plus de projets d'énergie propre peuvent voir le jour, a déclaré Mouhamadou Bamba Sylla, météorologue et auteur principal de la dernière évaluation du climat de l'ONU.