Interview
Alors que le conflit entre l'Ukraine et la Russie continue, les répercussions se font de plus en plus ressentir chez les populations les plus vulnérables. La Fondation de Bill et Melinda Gates se veut à la tête du combat contre la pauvreté, des inégalités et de certaines maladies dans le monde. La guerre, ses répercussions et le réchauffement climatique, toutes ces questions sont abordées avec Mark Suzman, directeur général de l'organisation.
Afolake Oyinloye : Plus de 1,8 million de réfugiés ukrainiens ont fui vers la Pologne. Bill Gates a demandé le soutien de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés. Il n'est pas le seul à s'inquiéter de l'ampleur et de l'ineptie des conséquences indirectes de ce conflit. Au-delà des propositions politiques et économiques telles que le dialogue et les sanctions pour y mettre fin, que peut-on faire pour éviter de telles crises humanitaires à l'avenir ?
Mark Suzman : Nous nous concentrons principalement sur des régions du monde comme l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud, où les défis de la pauvreté et du manque de perspectives sont plus importants.
Et dans ce contexte, en plus de la crise humanitaire directe, il faut penser, comme vous l'avez dit, aux dommages collatéraux, que nous commençons tout juste à voir en termes de flambée des prix alimentaires pour les denrées de base comme le blé et les produits de première nécessité, mais aussi les prix des engrais.
Un conflit qui se répercute à l'international
La Russie et l'Ukraine sont de gros exportateurs d'engrais, et les prix des produits agricoles en dépendent fortement. Cela risque donc d'affecter le prochain cycle d'agriculture en Afrique.
Nous cherchons donc des moyens de travailler avec les gouvernements et d'autres acteurs pour non seulement se préparer au choc qui est déjà en cours, mais aussi pour s'assurer qu'il y a des filets de sécurité et des subventions disponibles pour les populations vulnérables.
Car c'est un excellent exemple des répercussions en série de ce qui est une véritable tragédie et de la manière dont elle peut avoir un impact global sur les personnes les plus démunies à travers le monde.
S'adapter au changement climatique
Alors que tous les pays ont déjà du mal à atteindre les objectifs de lutte contre le changement climatique, qu'il s'agisse de réduction les émissions de gaz à effet de serre ou de financement des mesures d'adaptation dans les régions vulnérables, comment inverser cette tendance et empêcher la prochaine crise ?
À la Fondation Bill et Melinda Gates, nous nous concentrons beaucoup plus sur ce que l'on appelle l'adaptation au changement climatique, qui consiste à essayer d'aider les personnes les plus touchées par ce changement.
C'est déjà une réalité, en particulier pour les petits agriculteurs d'Afrique subsaharienne et d'Asie du Sud qui dépendent de la terre, de l'agriculture pour leurs revenus et leur alimentation, et qui voient déjà des inondations beaucoup plus fréquentes. Les sécheresses, les températures extrêmes... Tous ces phénomènes ont un impact dévastateur.
Et donc, en termes d'adaptation, nous travaillons et nous nous concentrons à la Fondation, sur les interventions qui peuvent avoir lieu maintenant et qui peuvent aider ces agriculteurs à mieux résister aux sécheresses. Peut-on obtenir des cultures et des semences plus résistantes à la sécheresse et aux inondations ? Peut-on avoir du bétail qui a plus de chances de survivre à des conditions difficiles dans des températures extrêmes ?
Avec les Fonds de développement du Qatar, nous allons prendre des mesures afin de soutenir certains de ces nouveaux efforts d'adaptation au climat, y compris une première série d'investissements dans ce que l'on appelle la volaille à double usage, c'est-à-dire des poulets élevés pour survivre dans certaines des conditions difficiles en Afrique et qui peuvent être utilisés à la fois pour les œufs et la viande.
Les volailles peuvent donc devenir à la fois une source d’alimentation directe, mais aussi générer des revenus. C'est un projet que la Fondation Gates a déjà expérimenté en Éthiopie et au Nigeria. Nous savons qu'il fonctionne et nous sommes impatients de continuer à le développer, mais ce n’est qu’un exemple.
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