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RDC : l'ex-ministre Willy Bakonga arrêté à Brazzavile

RDC : l'ex-ministre Willy Bakonga arrêté à Brazzavile
Photo d'archives : l'ancien ministre Willy Bakonga (à gauche) signant un contrat le 21 avril 2008 à Kinshasa   -  
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GEORGES TAMBA/AFP

République démocratique du Congo

L'ex-ministre de l'Enseignement de la République démocratique du Congo (RDC) a été arrêté mardi soir pour détournement de fonds présumé, nouvelle étape dans la lutte contre le fléau de la corruption qui gangrène jusqu'au financement de la gratuité de l'enseignement.

Chargé de la mise en œuvre de cette mesure-phare du président Félix Tshisekedi sous l'ancien gouvernement, l'ex-ministre a été arrêté au Congo alors qu'il tentait de s'enfuir vers la France. "Willy Bakonga, ancien ministre de l’Enseignement de la RDC, a été débarqué mardi soir d’un vol d’Air France en partance pour Paris, à la demande de Kinshasa qui sollicite son extradition", a précisé à l’AFP une source policière à Brazzaville.

Willy Bakonga était recherché par le parquet de la RDC depuis le 16 avril dans le cadre d'une affaire de détournement des fonds alloués au financement de la gratuité de l'enseignement primaire public. Il est soupçonné du détournement de frais de fonctionnement d'écoles, de création d'écoles fictives et du versement de salaires à des enseignants fictifs. "Il est détenu dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation", ex-direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a ajouté la même source à Brazzaville sans plus de commentaire.

Enseignement gratuit

Ancien ministre des Sports sous le régime de l'ex-président Joseph Kabila, Willy Bakonga a occupé le portefeuille de l'Enseignement primaire et secondaire entre août 2019 et début 2021. A sa nomination, il était en première ligne pour gérer la mise en oeuvre de la grande promesse du président Félix Tshisekedi : la gratuité de l'enseignement primaire public dès la rentrée de septembre 2019.A sa mise en place, le coût de ce projet a été évalué à 2,6 milliards de dollars, une somme considérable par rapport au budget de l’État (6,8 milliards prévus pour 2021).

La gratuité devait soulager le budget des familles et permettre aux parents de ne plus payer les frais d'inscription des enfants à l'école ni aux examens, ni le salaire des enseignants. Elle devait aussi permettre de scolariser des enfants qui n'allaient pas à l'école faute d'argent. Plus de quatre millions de nouveaux élèves sont attendus pour l'année scolaire 2020-2021, selon les statistiques officielles.

L'ombre de la corruption et des détournements de fonds a très vite compliqué la mise en oeuvre de cette mesure attendue par des millions de familles. En novembre, l'Inspection générale des finances (IGF) a rendu public un rapport qui a révélé l'existence d'enseignants fictifs dans des écoles inexistantes, de fausses factures, le tout pour un détournement présumé de 31 millions de dollars.

Aide de la Banque mondiale

Après ce rapport, la Banque mondiale a annoncé qu'elle avait "reporté à une date ultérieure" le versement de 100 millions de dollars d'aide à la gratuité de l'enseignement en RDC, le temps de "recueillir des informations supplémentaires concernant les conclusions de l'enquête de l'IGF". Au total la Banque mondiale avait prévu en 2020 de verser 800 millions de dollars sur quatre ans pour le renforcement du système éducatif en RDC.

Le 25 mars, deux hauts fonctionnaires de l'Enseignement primaire ont été condamnés à 20 ans de prison pour détournement de fonds, un mois après leur arrestation, au terme d'un procès retransmis sur les ondes de la télévision d’État RTNC.

Willy Bakonga est un important promoteur d'écoles privées à Kinshasa. Ses établissements accueillent des milliers d'élèves en maternelle, primaire et au secondaire. Plus grand pays d'Afrique subsaharienne, la RDC compte plus de 80 millions d'habitants, dont la moitié a moins de 19 ans.

Cette arrestation intervient moins d’une semaine après la visite du président Félix Tshisekedi à Brazzaville, où il a assisté le 16 avril à l’investiture de son homologue Denis Sassou Nguesso. Elle intervient également quelques jours après la nomination d'un nouveau gouvernement, qui doit être investi jeudi par l'Assemblée nationale.

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