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Somalie : les élections présidentielles auront-elles lieu ?

Notre journaliste Ronald Kato s'entretient avec Omar Mahmood, un spécialiste de la Somalie de l'organisation non-gouvernementale International Crisis Group   -  
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Somalie

Les élections en Somalie sont prévues dans quelques jours. L'exercice a pris du retard l’année dernière en raison de divergences entre le gouvernement central dirigé par le président Mohamed Abdullahi Mohamed, également connu sous le nom de Farmaajo, et les dirigeants des gouvernements régionaux. Les différents protagonistes ont du mal à s’accorder sur les règlements et la composition de la Commission électorale. Pour faire la lumière sur cette crise politique dans ce pays de la Corne de l'Afrique, notre journaliste Ronald Kato s'entretient avec Omar Mahmood, un spécialiste de la Somalie de l'organisation non-gouvernementale l’International Crisis Group.

Ronald Kato : Les élections en Somalie ont toujours été un sujet complexe. En quoi ces élections seraient-elles différentes des précédentes ?

Omar Mahmood : "Ce qui est vraiment difficile cette fois-ci, c'est que le niveau de contestation interne en Somalie est beaucoup plus élevé, et le niveau de confiance entre les principaux protagonistes et partis électoraux est beaucoup plus bas que par le passé. Donc, ce niveau de contestation a eu un impact sur la mise en œuvre d'un accord électoral que les parties ont signé en septembre dernier. Cela les a vraiment empêché d'aller de l'avant et les a empêchés de respecter les détails techniques. Ce pourquoi à l’approche du 8 février, la fin du mandat présidentiel, il n'y a pas de véritables préparatifs ni de réelle perspectives pour que ce vote ait lieu."

Des dirigeants du gouvernement central, dont le président Faarmajo, rencontrent les responsables régionaux à Dhusamareb pour tenter de parvenir à un consensus avant le scrutin. Qu'en pensez-vous ?

"C'est un pas dans la bonne direction, mais c'est très tard dans le processus. Comme je l'ai dit, nous ne sommes qu’à quelques jours seulement de la fin du mandat du président. Se mettre autour d’une table maintenant est la moindre des choses, voire un dernier effort pour avancer vers un consensus et proposer une feuille de route pour ces élections. Je pense que la plupart des gens considèrent que c'est le meilleur scénario, qui prolonge plus ou moins la dynamique actuelle. Mais la grande inconnue est que se passe-t-il s’il n’y a pas d’accord. La Somalie serait, là, en terre inconnue, car il y a eu des prolongations de mandats dans le passé, mais elles ont toujours été précédées par un consensus.

L'autre question serait : même si vous parvenez à un accord, quels types de garantie ou quels mécanismes seront mis en place pour s’assurer que nous ne serons pas dans la même situation dans quelques mois, étant donné le niveau de méfiance si élevé lorsqu'il s'agit de la mise en oeuvre, de conflits et de désaccords à ce sujet. Ces questions clés doivent être résolues, car sinon je crains que nous aurons un accord, une prolongation, et que dans quelques mois nous aurons la même discussion."

Les combats entre le gouvernement de Mogadiscio et ses États sont un sujet récurrent. Que pourrait-on faire pour les éviter ou même réduire les risques d’un conflit armé à l'avenir ?

"Ce devrait être la première des priorités après les élections, qu'il s'agisse d'un nouvel exécutif ou de la continuité de celui-ci, en rétablissant cette relation entre le centre et la périphérie en Somalie. Donc, entre le gouvernement central et les Etats, cela commence par le rétablissement de la confiance. L'élément clé est la communication. Un dialogue régulier et actif. Pendant ce mandat, nous avons vu passer de longs moments sans même que le gouvernement fédéral et les États membres ne se consultent.

Instituer un mécanisme de réunions régulières, mensuelles ou trimestrielles, pour que les dirigeants se réunissent, pour les amener à négocier et parler de sujets en commun, pour reconstruire une confiance mutuelle. Ensuite il faudra s’attaquer aux questions les plus fondamentales, les plus épineuses, sur le déséquilibre ou à des perceptions différentes du modèle fédéral somalien. Cela concerne le partage du pouvoir, le partage des richesses et le partage des ressources et ces aspects.

Ces questions fondamentales doivent être abordées car la Somalie reconstruit toujours ses institutions. L'instauration d'un modèle fédéral doit se faire sur la base d’un compromis. La première étape est vraiment de ramener tout le monde à la table des négociations et faire en sorte que tout le monde se parle régulièrement."

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