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Ethiopie : l'armée accuse l'OMS de soutenir le Tigré

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Ethiopie

L'armée éthiopienne a accusé jeudi le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, originaire du Tigré, de chercher soutiens et armement pour cette région dissidente dont elle affronte les troupes depuis quinze jours.

Le Docteur Tedros "a oeuvré dans les pays voisins à condamner la guerre" que mène le gouvernement fédéral éthiopien aux autorités régionales du Tigré depuis le 4 novembre, "il a oeuvré pour leur obtenir des armes", a affirmé le chef d'état-major de l'armée fédérale éthiopienne, le général Berhanu Jula, dans une conférence de presse.

Le directeur de l'OMS n'a "négligé aucune piste" pour aider le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région du Tigré et défie depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral, a-t-il ajouté.

"Ce type est lui-même membre de cette équipe" du TPLF, a accusé le général Berhanu, en parlant de Tedros Ghebreyesus, qui fut ministre de la Santé de 2005 à 2012 dans le gouvernement de Meles Zenawi, chef historique du TPLF, à l'époque parti tout-puissant et détenteur de tous les leviers de pouvoir à Addis Abeba.

"Que peut-on attendre de lui? Nous ne nous attendons pas à ce qu'il se range du côté du peuple éthiopien et condamne" les autorités tigréennes, a-t-il ajouté. Sollicitée par l'AFP, l'OMS à Genève n'a pas souhaité faire de commentaires dans l'immédiat, le Docteur Tedros n'a pas réagi à ces accusations jeudi.Âgé de 55 ans, M. Tedros, scientifique spécialiste en immunologie et maladies infectieuses, est le premier Africain à diriger l'OMS, poste qu'il occupe depuis 2017.

Après avoir été ministre de la Santé et avant de prendre la tête de l'OMS, il a également été de 2012 à 2016 ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'Hailemariam Desalegn, dauphin choisi par Meles, qui a succédé à ce dernier à son décès brutal en 2012.

"Trahison"

Premier ministre depuis 2018 et prix Nobel de la paix l'année suivante, Abiy Ahmed a lancé le 4 novembre une opération militaire au Tigré contre les forces du TPLF, qu'il accuse de chercher à déstabiliser le gouvernement fédéral et d'avoir attaqué deux bases militaires éthiopiennes dans la région, ce que nient les autorités régionales.

Aucun bilan précis de l'offensive militaire, entrée dans sa troisième semaine et impliquant notamment des bombardements aériens, n'est disponible, et la région est quasiment coupée du monde. Mais les combats ont fait plusieurs centaines de morts et, selon le chef de la Commission soudanaise des réfugiés, ont contraint au moins 36.000 Ethiopiens à fuir au Soudan voisin.

Après avoir dominé durant 15 ans la lutte armée en Ethiopie contre le régime militaro-marxiste du Derg, renversé en 1991, le TPLF a contrôlé d'une main de fer durant près de trois décennies l'appareil politique et sécuritaire de l'Ethiopie, jusqu'à ce que Abiy Ahmed en prenne les rênes sur fond de contestation populaire inédite contre le pouvoir.

Progressivement écartés des postes-clés et visés par des poursuites judiciaires, ses responsables se sont retranchés dans leur fief du Tigré, dans le Nord de l'Ethiopie, d'où ils défié ces derniers mois l'autorité du gouvernement fédéral. 

Le 13 novembre, le gouvernement éthiopien avait affirmé détenir des "preuves crédibles" que des agents du TPLF travaillaient au sein d'organisations locales et internationales, et en avoir notamment transmis une liste au Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU.

Le même jour, un responsable de l**'Union africaine (UA)** avait confirmé que l'organisation, dont le siège est à Addis Abeba, s'était séparée de son directeur de la sécurité, originaire du Tigré, après un signalement du gouvernement éthiopien mettant en doute son "honnêteté".

Depuis le début de l'offensive, des centaines de personnes ont été arrêtées, soupçonnées de conspirer avec le TPLF et 34 hommes d'affaires sont privés d'accès à leurs comptes en banque en raison de liens supposés avec le parti tigréen.

Mercredi, la police fédérale a annoncé avoir émis 76 mandats d'arrêt contre des officiers de l'armée, certains à la retraite, accusé de "trahison" au profit du TPLF.

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